"On est un peu plus loin"

Mercredi 26 octobre 2005

Interview / Luc et Jean-Pierre Dardenne, réalisateurs de L'Enfant.Propos recueillis par CC

Pourquoi faites-vous toujours le choix d'un titre très simple ?Jean-Pierre : L'Enfant, c'est quand même quelques lettres ! C'est bien pour les affiches...Luc : On avait pensé à La Fille au landau, La Force de l'amour... Mais c'était trop explicatif. Et ce n'est pas seulement l'amour qui fait que Bruno change.J.-P. : De tous ceux qu'on a étudiés, L'Enfant est celui qui nous aidait le plus à voir le film, à développer le scénario et à tourner. Il est important d'avoir un titre avant de démarrer.L. : Comme disait mon frère : "Espérons que L'Enfant du Fils de Rosetta tienne sa Promesse...".En quoi le fait d'avoir filmé deux personnages plutôt qu'un seul a modifié votre façon de mettre en scène ?J.-P. : On est un peu plus loin... C'est la première fois qu'on filme deux personnages qui n'ont pas de rapports verticaux entre eux, qui sont à égalité. Si on voulait les avoir tous les deux dans le cadre, il fallait qu'on recule un peu. Et quand on recule, on voit un peu plus ce qui se passe derrière et sur les côtés, on les regarde vivre. On regarde souvent Bruno même quand il est seul, on laisse un peu de place autour de lui comme s'il manquait quelqu'un.L. : Bruno n'est pas un personnage dans une obsession comme Rosetta ou Olivier dans Le Fils. Il est comme un insecte qui va à gauche, à droite ; il ne fallait pas que la caméra l'enferme.Dans L'Enfant, il y a une vraie scène d'action. Est-ce une logique narrative ou une simple envie de cinéastes ?J.-P. : Un peu les deux. On cherchait un sort à Bruno et on a imaginé ce vol raté. C'est venu d'un garçon qui avait volé le sac d'une dame, il s'était fait poursuivre par deux gars, il s'était caché dans l'eau et la chaleur a provoqué une hydrocution. Dans notre histoire, Bruno a une mobylette, c'est plus amusant... Avec la mobylette, il fallait une auto pour le poursuivre, ou une autre moto - mais sur la moto, c'était nous. On a tourné en deux fois, parce qu'on n'était pas sûrs de notre coup, c'était la première fois qu'on le faisait donc on pouvait se passer de toute la partie centrale. En fait, c'est assez simple à faire, le plus dur, c'est pour les acteurs...