Kills me again
Musique / Amis mélomanes perdus dans le dédale des groupes en The pratiquant le revival rock tel un troupeau bêlant jusqu'à l'aphonie, considérez de près le cas The Kills. Deux albums au compteur et déjà un style : un croisement possible entre le rock post-Velvet et la cold wave à la Joy Division. Sommaire entrée en matière, forcément réductrice, mais emblématique de l'histoire perso de ce duo composé d'une Américaine (VV) et d'un Anglais (Hotel) : ils se rencontrent à Londres alors que leurs groupes respectifs ont du plomb dans l'aile, entament une longue correspondance sonore avant de faire chambre et musique communes (c'est elle qui vient s'installer dans la Perfide Albion). Un beau roman d'amitié qui commence, mais aussi une étonnante page du rock contemporain. Premier album (Keep on your mean side) acclamé par la critique, forcément comparé aux White Stripes, forcément confondu avec The Killers (alors que ça n'a rien à voir), forcément un peu noyé dans la masse. Leur deuxième essai, No Wow, vient balayer toute ambiguïté. The Kills y radicalise sa musique : boîtes à rythme égrenant des beats minimalistes, batterie sèche comme un coup de trique, guitares dégraissées et précises. La voix de VV est le seul ornement autorisé par le groupe, mais elle sait se mettre au pas métronomique de ces morceaux de rock squelettiques et épurés. Tranchante, la musique de The Kills ne serait qu'un exercice froid si cette démarche ne se mettait au service de chansons souvent excellentes, apparaissant ainsi dans leur beauté nue et leur évidence mélodique. À une époque de cholestérol généralisé, cet ascétisme rigoureux fait toute la différence.Christophe ChabertThe KillsAu Transbordeur dimanche 29 mai à 18h"No Wow" (Domino-PIAS)