L'underground en noir et blanc

par
Mercredi 1 juin 2005

Musique / Complètement cramé. Ainsi apparaît Dälek, activiste d'un hip-hop hardcore sans concession, aussi audacieux dans sa forme que violemment désespéré sur le fond. Rap râpeux décliné d'une voix arrachée dans la gorge par la seule puissance d'une rage froide, samples étouffés et crissements crispants , beats lourds comme le plomb, scratchs renvoyés à leur déchirure première, guitares refroidies... Dälek enfonce l'auditeur dans un univers sans porte ni fenêtre, sinon celle d'une conscience qu'il semble vouloir ranimer à coups d'électrochocs sonores. Sur son album From filthy tongue of gods and griots (sorti il y a quelque temps chez Ipecac), il s'offre même une sorte d'équivalent hip-hop au Revolution n°9 des Beatles : 12 minutes où une phrase est répétée en boucle à la manière des sorciers vaudou, sur fond de crissements musicaux hallucinés... À côté, Tricky compose de gentilles berceuses pour endormir les enfants le soir. C'est justement dans des chambres de bambins que les 6 Américaines (from Oakland) de Toychestra trouvent les instruments pour compose r et interpréter leur musique : piano-jouet, violon-jouet, dictée magique, boîte à meuh !, tout est bon à être intégré à cet orchestre miniature. Démarche ludique et expérimentale comme on peut les aimer (remember Mami Chan aux Échos Sonores), où les morceaux, finalement plus proches de la musique sérielle que de la pop, perdent grâce à cette mise en forme malicieuse leur caractère savant. Plus qu'une comeladerie pour public branché, mieux qu'une curiosité pour amateurs d'expériences musicales différentes, Toychestra retrouve le plaisir du jeu, dans tous les sens du terme.CCDälek (avec Oddateee et Spade & Archer)À la Boulangerie le jeudi 26 maiToychestra (avec Emma Zunz)A L'Atelier le lundi 30 mai