Dorny, acte III

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Mercredi 25 mai 2005

Opéra / Belle saison que celle qui s'achève (presque) à l'Opéra de Lyon avec un cycle Janacek qui a déchaîné les enthousiasmes, à juste titre, lors de la première de Jenufa (courez-y tant qu'il est encore temps). La programmation de la nouvelle saison de l'Opéra, annoncée par son directeur, Serge Dorny, n'est pas moins alléchante : un grand cycle Offenbach en novembre et décembre prochains, et trois autres cycles qui s'étaleront sur trois ans ; Tchaïkovski et le Mazeppa mis en scène par Peter Stein, Mozart et le Cosi dirigé par Christie et un cycle Bel canto avec Roberto Devereux dirigé par l'épatant Evelino Pidò. Sans compter les reprises d'Ariane à Naxos et Alcina de Haendel, un festival Kurt Weill et, pour le contemporain, le dernier opéra de Pascal Dusapin. Travailler dans le temps pour renouveler l'approche des répertoires, concilier aussi bien l'exigence artistique que le plaisir du spectacle et les retrouvailles avec de grands classiques (le tandem Pelly-Minkowski viendra redonner les mythiques Contes d'Hoffmann), voilà qui met on ne peut plus en appétit. D'autant que, on se demande d'ailleurs avec quel argent, l'activité de l'opéra augmentera considérablement la saison prochaine, passant de 95 à 141 levers de rideau. En prime, pour sa troisième année à la tête de l'institution lyonnaise, Serge Dorny a aussi voulu inventer de nouveaux espaces théâtraux, en confiant à Laurent Pelly d'investir simultanément plusieurs lieux plus modestes de la ville pour donner à entendre trois opéras bouffes du cycle Offenbach. La volonté de Dorny de vouloir "sortir des sentiers battus" mérite d'être saluée bien bas, tout comme la qualité, indiscutable, de sa programmation. Restent quelques hics : le malaise interne toujours perceptible malgré l'équipe d'accueil ; la mauvaise image que véhicule aujourd'hui l'Opéra de Lyon ; et l'absence, "temporaire" nous dit Serge Dorny, mais depuis deux saisons maintenant, d'un chef permanent permettant un travail approfondi avec les musiciens, musiciens et chanteurs dont il est manifestement peu question. Devant d'aussi belles promesses de spectacles, ce serait tout de même dommage d'oublier que la musique vient de l'intérieur.Luc Hernandez