Les bourgeons dansés de Rameau

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Mercredi 23 mars 2005

Danse / Libre délire sur l'univers musical de Rameau et l'esprit libertin du XVIIIe Siècle, On Danfe de Montalvo et Hervieu s'ouvre sur une première partie laborieuse... La danse y est littéralement écrasée par des séquences vidéo projetées en fond de scène, usant des techniques du morphing pour "glisser" des jardins de Versailles aux tours de Créteil, de statues d'albâtre à des personnages nus et animés, ou autres mutations et courts-circuits historiques. Le tout sur un mode esthétique post-moderne entre pubs Benetton et photos de Pierre&Gilles. On se dit qu'on court à la catastrophe jusqu'à ce qu'un danseur hip-hop se lance dans l'imitation du mouvement d'une chenille ! Juste un tout petit moment de virtuosité et d'humour, mais qui renvoie les images au second plan et incite à nous focaliser sur la danse, sur les corps et, par ricochet, sur la musique. Et quelle musique ! Solaire, généreuse, d'une gaieté et d'une vitalité jubilatoires (pour peu, on classerait Rameau parmi les précurseurs du rock). Habités de ses rythmes et de son esprit festif, les danseurs, alternant solos et dispositifs collectifs, métamorphosent la danse de ballet en un bouquet éclatant et baroque, dont les fleurs seraient le hip-hop, les danses africaines, le flamenco, la danse contemporaine... Cette ode chamarrée à la liberté des corps est entrecoupée de monologues mi-dansés mi-parlés, souvent drôles, dits par des personnages "typés" (le célibataire endurci, l'ingénue en quête de métaphysique...), et de bien d'autres "happenings" plus ou moins réussis. On Danfe est un spectacle outré, callipyge, émaillé de ratages et de lourdeurs, mais emporté par la greffe réussie entre l'énergie de Rameau et celle d'une danse toquée et polymorphe. JEDOn Dansede José Montalvo et Dominique HervieuÀ la Maison de la Danse jusqu'au 19 mars.