Musique / On a beau chercher dans nos mémoires, on a guère souvenir de chanteurs français trimballant une poisse aussi constante que Bertrand Betsch. Et, en même temps, on en connaît peu d'aussi attachant, sans que l'un explique l'autre. Depuis son premier album, le fabuleux La Soupe à la grimace, Betsch prend soin de trier son auditoire sur le volet en testant sa résistance à la beauté déprimée, à la noirceur grinçante, à la nostalgie qui colle à l'âme comme une glu et finit par empêcher d'entrer dans l'âge adulte... Quand il a enfin mis lait et sucre dans son café noir, le temps d'un disque ayant presque connu un petit succès (Pas de bras, pas de chocolat), il y en a encore beaucoup qui ont plus senti l'amertume que la douceur, qui ont mieux entendu la rumination grave que les flashs disco-pop. Rodé et pas chien, Bertrand Betsch est allé voir ailleurs (changement de label) pour donner sa définition de La Chaleur humaine (titre de l'album et d'un morceau particulièrement refroidissant). Et, peu avare en paradoxes, il essaye maintenant de communiquer une félicité nouvelle, de l'amour, de la fraternité et même un très surprenant élan politique à l'intérieur de chansons toujours aussi nues et intransigeantes. Sur le coup, l'album avait surpris, pas tant par cet optimisme inattendu que par son goût pour les mélodies reggae et pour des arrangements moins pertinents que d'habitude. À l'approche de son concert lyonnais, et en souvenir de sa très belle prestation il y a trois ans au CCO, une nouvelle écoute permet d'apprécier aussi la singularité de cette musique subtilement intemporelle, affranchie des modes et des compromis, sincère et personnelle. On a beau chercher, vraiment, on ne connaît pas de compagnon musical aussi nécessaire que Bertrand Betsch...CCBertrand BetschJeudi 7 février au Sirius (avec Superflu)«La Chaleur humaine» (PIAS)