Le monde selon Potemkine

par
Mercredi 13 septembre 2006

Critique / L'écrivain russe Alexandre Potemkine, a déjà publié six romans dans sa langue. Moi est son premier roman traduit en français. Il y est question de Vasili Karamanov, orphelin devenu paria d'un petite bourgade russe, dénommée Poutivl, il sera expédié en maison de correction puis emprisonné pendant cinq années. Au cours de son adolescence carcérale il dévore le peu de livres de la bibliothèque pénitentiaire et décide de parfaire son auto-érudition en devenant balayeur en face de la grande bibliothèque de Moscou qu'il fréquentera assidûment. Il concentre toutes ses activités intellectuelles vers un seul but : la modification des gènes de l'espèce humaine en vu de l'avènement de l'homo cosmicus alias le Poutivlien.Pour connaître l'étendue de la défaillance de l'homo sapiens, il entreprend de fréquenter les hommes afin de mieux cerner les gènes essentiels dont doit se doter le Poutivlien. Cette enquête comportera l'étude de plusieurs milieux : escrocs, cultureux, politiciens et scientifiques. Pris de doutes notre héros finira par se faire un auto-procès pour s'expliquer et justifier sa folle quête. Ce roman construit comme un long récit intérieur suit les pensées d'un être abandonné qui lutte contre un monde hostile, violent et cupide. Dans ce combat, on comprend que se forge une altérité radicale qui pousse le héros à s'exclure de l'humanité pour survivre à son horreur. Le début du récit, où le héros retrace son existence est extrêmement bien écrit et rappelle la littérature russe du dix-neuvième siècle. Les descriptions des différents milieux que Karamanov fréquente déçoivent par contre car elles manquent d'originalité. Outre qu'il pose la question de l'éthique dans une société russe sans repères spirituels et guidée uniquement par l'appât du gain, le roman interroge sur notre désir de nous améliorer et de rendre meilleur le genre humain. SDMOI d'Alexandre Potemkine, Hachette Littératures