Chaos, debout

Son nouveau spectacle Import/Export, inspiré du film documentaire Le Cauchemar de Darwin, part du constat que tout va au plus mal dans le pire des mondes possibles. Tout est foutu, l'homme n'est qu'une marchandise et l'amour un marché de dupes. Alors, dans un décor d'entrepôt industriel ou de docks, on s'acharne sur les plus faibles, on balance des corps en vrilles comme de vulgaires sacs à viande, on se prend des coups et des gifles, on trébuche, on rate et on se cogne à l'abyssale bêtise d'autrui...
Dans cette véritable cour des miracles contemporaine, la danse se mêle au cirque pour tenter de réagir au délitement du monde par le corps, un corps à la fois brut et presque abstrait : «Il est évident que l'on ne peut donner dans le pamphlétaire ou le démago. Nous avons cherché et je crois qu'avec Guy Cools, le dramaturge, nous avons trouvé des réponses dans la physicalité» déclare Augustijnen.
En bon élève de Wim Vandekeybus ou d'Alain Platel, le chorégraphe s'en tient donc au niveau des tripes et des chocs physiques. Au bord de l'épuisement et de la débâcle, il y a toujours quelque chose qui résiste irréductiblement dans le corps et dans sa faculté de rencontre, de renversement in extremis de situation. Miracle fugitif souligné dans cette pièce par des musiques baroques incongrues (Couperin, Charpentier, Clérambault...), interprétées sur scène par Steve Dugardin et un quatuor à cordes.JED. "Import Export" de Koen Augustijnen.