Persécution
Passée son introduction intrigante, Persécution fait figure de ratage pour un Patrice Chéreau enfermé comme ses personnages dans une logorrhée sur les impasses de l'amour, filmée avec un volontarisme irritant.Christophe Chabert

Mais dans la suite du film, marquée par l'apparition du personnage mal dessiné de Sonia (Charlotte Gainsbourg, abonnée cette année aux projets extrêmes et mal branlés), les décisions de Chéreau se retournent systématiquement contre lui. Car Persécution n'est plus alors qu'un interminable flux de paroles contradictoires, où les personnages se torturent l'esprit pour comprendre s'ils s'aiment ou pas, s'ils se manquent, ce qui les attire, ce qui les repousse... Logorrhéique, le film est aussi particulièrement claustrophobe : non seulement Chéreau n'élargit presque jamais le cadre, non seulement il fait des inserts sur tout et n'importe quoi, mais il crée des ellipses béantes là où le récit aurait pu trouver des respirations. La sensation est celle de regarder des mouches qui expirent lentement dans un bocal, avec un vague dessein à l'arrivée : le couple hétéro explose sous les coups d'abord rugueux, puis tendres de l'homo énamouré. Un propos aussi volontariste que la mise en scène, dont seul Chéreau semble avoir la clé et qui laisse le spectateur sur le banc de touche, épuisé et agacé par un tel gâchis.Persécution
De Patrice Chéreau (Fr, 1h55) avec Romain Duris, Charlotte Gainsbourg, Jean-Hugues Anglade...