Le Dahlia Noir, oeuvre au noir

"L'affaire du Dahlia Noir", c'est l'histoire d'un meurtre non élucidé, celui d'une jeune femme de vingt-deux ans à la chevelure florale, Elizabeth Ann Short, retrouvée mutilée dans un terrain vague du Los Angeles de l'immédiate après-guerre. C'est aussi et surtout le point de départ du roman le plus important de James Ellroy, polar vénéneux, cathartique - sous le vernis écaillé de l'enquête criminelle affleure l'adieu de l'auteur à sa propre mère assassinée - et, depuis sa parution en 1987, réputé inadaptable. A raison si l'on se réfère au film auto-parodique qu'en a tiré Brian De Palma.
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A tort dans le cas de la bande dessinĂ©e que viennent de co-publier les Ă©ditions Casterman et Payot & Rivages, qui condense en un peu moins de 180 pages prĂ©cisĂ©ment documentĂ©es les retorses investigations des inspecteurs Bleichert et Blanchard sans altĂ©rer l'atmosphère dans laquelle elles pataugent, mĂ©lange unique de morbiditĂ©, d'Ă©rotisme et de mythification. Ce tour de force n'est pas l'œuvre de dĂ©butants : Matz, scĂ©nariste acclamĂ© du Tueur, Ă©paulĂ© pour l'occasion par un cinĂ©aste autrement moins vieillissant que De Palma en la personne de David Fincher - qui avait travaillĂ© sur une transposition cinĂ©matographique -, et l'illustrateur Miles Hyman - dont les magnifiques travaux au fusain, Ă mi-chemin de la gravure et de l'Art dĂ©co, s'Ă©talent aussi bien sur les murs du Palais de Tokyo que dans les pages de XXI - s'Ă©taient dĂ©jĂ prĂŞtĂ©s Ă l'exercice avec succès sur Nuit de fureur de Jim Thompson.
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Benjamin Mialot
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Miles Hyman
A Expérience, jeudi 21 novembre