Pétard mouillé

Mardi 3 juin 2014

Photo : Jean-Louis Fernandez

Si l'on veut voir le verre à moitié plein, on la jouera à la suisse en expliquant avoir été déçus en bien. Car le Britannique Akram Khan et l'Espagnol Israel Galván sont deux danseurs-chorégraphes absolument fabuleux à la technique sidérante - côté kathak (une danse ancestrale indienne) pour le premier, côté flamenco pour le second. Il n'y a qu'à les regarder habiter la scène pour se rendre à l'évidence : nous avons deux géants devant nous.

Sauf que Torobaka se voulait plus que ça. On devait assister à la rencontre de deux univers forts, comme on l'expliquait ici. Et là, le verre est à moitié vide. Si tout commence assez bien, avec un jeu entre eux et les quatre musiciens sur les sons que font leurs danses et un travail d'entremêlement sonore efficace entre les deux esthétiques, la sauce ne prend jamais, le spectacle se transformant rapidement en succession de tableaux sans véritable enjeu dramatique. D'où une heure de représentation assez longue.

La création, dévoilée en première mondiale ce lundi 2 juin à la MC2, est certes encore fragile, demandant à être éprouvée, mais elle laisse un arrière-goût amer au vu du postulat de départ et du potentiel de chaque interprète. Peut-être en attendions-nous trop...

Torobaka, jusqu'au samedi 7 juin à la MC2

Torobaka

Interprétation, ms et chor. d'Akram Khan et d'Israel Galván. Chacun d'eux, dans une voie parallèle qui croise en filigrane la route des Indes, a porté son art au sommet : le kathak pour l'un, le flamenco pour l'autre. Les similitudes entre les deux formes sont évidentes : frappes au sol, mouvements circulaires des bras, interaction essentielle et directe avec les musiciens. Ici, au nombre de six, les instrumentistes, présents sur scène, accompagnent et côtoient le duo. Il ne s'agit pas dans cette rencontre d'un désir de fusion entre les deux artistes, mais bien plus d'une envie d'apprendre de l'autre