"La Douleur" : Mélanie Thierry, étonnante Marguerite Duras

Lundi 22 janvier 2018

de Emmanuel Finkiel (Fr., 2h06) avec Mélanie Thierry, Benoît Magimel, Benjamin Biolay...

Photo : Les Films du Losange

L'ironie sordide de l'actualité fait que ce film sort sur les écrans peu après la disparition de Paul Otchakovsky-Laurens, l'éditeur ayant publié le livre dont il est l'adaptation. Un livre qui aurait pu demeurer dans une confidence obstinée : Marguerite Duras prétendait avoir oublié jusqu'à l'existence de la rédaction de cette partie de son journal intime - la mémoire sait être sélective pour s'épargner certaines souffrances.

Son mari Robert Antelme ayant été arrêté puis déporté, Marguerite Duras jette sur des cahiers le cri muet de son attente quotidienne ; cette douleur sourde avivée par l'incertitude et la peur pour l'autre, pour le réseau, pour soi. Dans la moiteur d'une Occupation expirante, un flic collabo profite de l'absence de nouvelles (bonnes ou mauvaises) pour engager avec elle un jeu pervers de séduction... Mais qui instrumentalise qui ?

Mémoire effacée et ravivée, souvenir de la Shoah... On comprend que le réalisateur Emmanuel Finkiel ait été touché par le thème et la démarche de Duras. Pour cette adaptation naturellement sèche, il convoque la grande Histoire dans ses compartiments les plus intimes, faisant abstraction de la fresque tragique ou héroïque. Et son temps d'énonciation est un présent de durée, dans toute sa pesanteur ; un temps qui entame. Un temps durassien. Il faut saluer Mélanie Thierry, étonnante incarnation de la romancière, retrouvant dans la voix-off de la récitante, le phrasé aux scansions si particulières qu'Emmanuelle Riva avait restituées dans Hiroshima mon amour.

La douleur

sortie nationale : Mercredi 24 janvier 2018
De Emmanuel Finkiel (Fr, 2h06) avec Mélanie Thierry, Benoît Magimel...

Juin 1944, la France est toujours sous l’Occupation allemande. L’écrivain Robert Antelme, figure majeure de la Résistance, est arrêté et déporté. Sa jeune épouse Marguerite, écrivain et résistante, est tiraillée par l'angoisse de ne pas avoir de ses nouvelles et sa liaison secrète avec son camarade Dyonis. Elle rencontre un agent français de la Gestapo, Rabier, et, prête à tout pour retrouver son mari, se met à l’épreuve d’une relation ambiguë avec cet homme trouble, seul à pouvoir l’aider. La fin de la guerre et le retour des camps annoncent à Marguerite le début d’une insoutenable attente, une agonie lente et silencieuse au milieu du chaos de la Libération de Paris.