Le Liban en fusion dans le 6e arrondissement
MĂ©diterranĂ©e / L'arrondissement bourgeois du 6e a vu apparaĂ®tre deux nouvelles Ă©choppes dont les cuisines, tout en s'appuyant sur un socle libanais, s'acoquinent avec d'autres cultures culinaires.Â

Photo : Instagram eccentrico_lyon
Nous voilĂ place de l'Europe, entre cours Lafayette et rue Garibaldi, avec son ensemble d'immeubles des annĂ©es 80 auquel il est difficile de trouver du charme mais qui dispose pourtant d'une jolie terrasse, celle du tout beau tout nouveau Ayla. Et c'est donc sous les arbres et dans un rafraĂ®chissant courant d'air que l'on a pu apprĂ©cier son menu dĂ©jeuner. C'est l'œuvre de deux « jeunes talents », ainsi que les a dĂ©signĂ©s le Gault et Millau : Corinne Bec, formĂ©e notamment Ă la Pyramide (un double Ă©toilĂ©), qui rencontra au Grand RĂ©fectoire (la brasserie de l'HĂ´tel Dieu du chef monĂ©gasque Marcel Ravin), Najem Atmeh affĂ»tĂ© quant Ă lui au Four Seasons de Beyrouth. Le projet de resto qu'ils ont dès lors peaufinĂ© se veut sous l'influence de deux cultures culinaires, empruntant au Liban les mezzĂ©s et les techniques (de fermentation, de cuisson Ă la braise) et Ă la France le "savoir-faire" et les produits.  Ainsi un midi de juin, on dĂ©butait d'un cĂ´tĂ© de la mer : avec une simple salade de tomate, parsemĂ©e de ComtĂ©, assaisonnĂ©e d'une mayonnaise au pralinĂ©. Et puis on descendait plein sud : avec des falafels, quenelles de pois-chiches et herbes frites, posĂ©es sur une crème d'oignons, rafraĂ®chie de grains de grenade. Pour finir avec un baklava "revisitĂ©", un peu sec, se prĂ©sentant sous forme de tarte Ă la frangipane, cacahuètes et groseilles. Pour le soir, les mezzĂ©s ont des intitulĂ©s allĂ©chants (halloumi, lard, et relish de concombre ; seiche et moelle aux Ă©pices et ail des ours) qui annoncent plus encore d'inventivitĂ©.Â

Â
Sur les traces des jeunes chefs libano-lyonnais, on se dĂ©place Ă 700 mètres de lĂ - suivant une ligne droite qui passerait par le lycĂ©e Herriot. Pour goĂ»ter Ă un autre type de cuisine fusion, cette fois entre la MĂ©diterranĂ©e, et... le Japon. Mike Etoyan, gĂ©rant de cet Eccentrico aux allures de bar de nuit (murs noirs barrĂ©s de nĂ©ons roses, tabourets et comptoirs indus', fauteuils vert canard) a placĂ© en cuisine son petit frère Kevo. Le benjamin est une fine lame qu'il a portĂ© jusqu'Ă DubaĂŻ. Et passionnĂ© par le Japon, donc. Ça tombe bien il y a entre ce pays et le Liban, et contre toute attente, des points communs gastronomiques - au-delĂ du fait qu'on aime y manger en picorant de petites portions, ce qui est d'ailleurs plus que jamais Ă la mode. Prenez l'aubergine, pilier Ă©videmment de la cuisine du Levant, elle se prĂ©pare en extrĂŞme-orient tartinĂ©e de pâte de soja fermentĂ©. Kevo la sert donc en moutabbal (le lĂ©gume brĂ»lĂ©, Ă©crasĂ©), liĂ© au miso. Prenons un autre point commun : le poisson cru. Ici, le chef excelle dans la prĂ©paration d'un carpaccio de bar sauvage, Ă©lectrisĂ© par un dĂ©lirant dashi (un bouillon clair de bonite), parfumĂ© de.. fraises. DĂ©licieux, tout comme le dessert, certes plus simple, un riz au lait nappĂ© d'un caramel relevĂ© au soja et parsemĂ© de cristaux de sels. On applaudit des deux mains pour ces assiettes dĂ©coiffantes. Attention tout de mĂŞme, en l'absence de menu (mĂŞme au dĂ©jeuner) l'addition a tendance Ă s'envoler.Â
AylaÂ
11 place de l'Europe, Lyon 6e
Tous les jours le midi et aussi le soir, sauf dimanche et lundi.
Menu dĂ©jeuner 27€. Le soir assiettes de 8 Ă 14€
Eccentrico
33 rue Molière, Lyon 6e
Le soir du mardi au samedi. Le midi, jeudi et vendredi.Â
Assiettes de 9 Ă 32€