Molchat Doma, l'hymne à la joie
Post punk / Le groupe bielorusse Molchat Doma sera sur la scène du Transbordeur le 31 Octobre prochain pour présenter leur quatrième album Belaya Polosa. Vague de froid annoncée.

Photo : Alina Pasok - Karim Belkasemi
Fondé à Minsk en 2017 par Egor Shkutko (chant), Pavel Kozlov (synthé et basse) et Roman Komogortsev (guitare, synthé, boîte à rythme), le trio bielorusse a connu depuis, une ascension conséquente des milieux underground du post punk, jusqu'aux plus gros festivals (Coachella, Cruel World and Primavera). Installés (exilés?) à Los Angeles depuis 2020, ils reviennent avec un album tout en mélancolie dansante, leur marque de fabrique.
À la croisée du mouvement post punk, new wave et synth pop, on retrouve dans les dix titres de Belaya Polosa (bande blanche en français), les influences marquées et assumées de groupes tels que The Cure, Depeche Mode, Joy Division, Kino ou plus récemment les russes de Motorama (passé par l'excellent label bordelais Talitres). Et au-delà de ces similitudes notables : rythmiques binaires, voix saturée de reverbe et mélodies entrainantes, la singularité de Molchat Doma vient de son amour pour le brutalisme musical (et architectural si l'on s'en réfère aux créations visuelles de leurs différentes pochettes). Qu'il s'agisse de morceaux post-punk-électro comme Ty Zhe Ne Znaesh' Kto Ya (Tu ne sais pas qui je suis) ou Kolesom (Roue), plus aériens comme Nvdevoem (Pas grave) ou Chernye Svety (lumières noires), la production est froide et rugueuse.
L'autre particularité du groupe réside dans ses origines et une influence russe évidente dans la manière de traiter les sujets (et de les chanter puisque toutes les paroles sont en russe). Bien loin de la Compagnie Créole, l'ambiance est souvent sombre, lourde et pesante comme en témoigne cet extrait de la chanson Coh (rêve en russe) : "Le ciel nous tombe dessus avec des étincelles rouges - Le dôme de l'espoir a fondu à cette heure - Tu ne peux pas les tromper avec des regards pitoyables - Il est trop tard pour traverser : nous ne pouvons pas être sauvés"
Cette manière de parler empreinte de souffrance et de doute intérieur propre au peuple russe symbolise sa fameuse "Toska", une mélancolie apathique comme manière de ne pas oublier le passé, les pertes ou les siècles de vie dans des climats rudes. Mais cette "Toska" est également nécessaire pour mieux apprécier les bons moments et c'est dont il est question sur ce quatrième album. Molchat Doma réussi, malgré la mélancolie, à faire passer la lumière en rendant le désespoir dansant.
Molchat + Urban Heat
Jeudi 31 octobre à partir de 19h30 au Transbordeur (Villeurbanne) ; 34 euros