Épitaphe : une immersion dans l'horreur sublime de la condition humaine
Gravure / Jusqu'au 31 juillet, la galerie Autour de l'Image propose une traversée sinueuse de l'âme humaine à travers un corpus inédit d'œuvres de l'artiste genevois Suan Müller.
Photo : ©Épitaphe par Suan Müller/Autour de l'image
Depuis quelque temps, un véritable corps-à-corps avec la tradition littéraire s'est installé dans la salle d'exposition de l'atelier de la rue Sala. Après le dialogue entre Bastien Bürcher et Stefan Zweig autour de la figure de Magellan, se déploie aujourd'hui une confrontation érudite entre le peintre et illustrateur Suan Müller et François Villon.
Invoquant directement la Ballade des pendus du poète médiéval, Müller ne se contente pas de rendre hommage à cette œuvre : il choisit de l'incarner visuellement. Chaque gravure semble figurer une scène de supplice, une forme ultime d'épitaphe. Mais l'artiste ne s'arrête pas là : il inscrit dans ces images, dans ces corps écorchés, la question de la mémoire, du temps, et de la violence de l'existence.
La gravure comme métaphore du monde
Ce travail n'est pas seulement un acte de mémoire : il constitue également une réécriture du monde, une tentative de résilience. Dans un espace où la violence semble omniprésente, où les figures se décomposent et se transforment, l'artiste invite à une forme de sublimation. Épitaphe devient ainsi une mise en scène du regard, une immersion dans une réalité où chaque vision est un fragment de l'âme humaine, en proie à ses démons.
Les figures pendues, les corps déformés ou tordus ne sont pas de simples représentations de la souffrance, mais des témoignages de résistance. Il est ici question d'un art qui, loin de se résigner à la tragédie de la condition humaine, témoigne de sa grandeur et de sa ténacité.
Les plus de 180 pièces gravées, transcendant le matériau - des briques de Tetra Pak, humbles et usées - forment un ensemble organique et narratif, un monde où les figures humaines, presque déshumanisées, restent suspendues à une question fondamentale : celle du destin, de la souffrance et de la rédemption.
Épitaphe par Suan Müller
Jusqu'au 31 juillet 2025 à la galerie Autour de l'Image (Lyon 2e) ; entrée libre
