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Tracer l'impossible : Magellan selon Bürcher

Tracer l'impossible : Magellan selon Bürcher

Peinture / Jusqu'au 22 février la salle d'exposition d'Autour de l'image se mue en cale de bateau, accueillant l'épopée de Magellan vue par Bastien Bürcher.

« Magellan : un nom qui dit les confins, les limites repoussées, l'impensable accompli ». C'est avec ces mots que l'historien Romain Bertrand convoque l'image du navigateur et explorateur portugais au début de son livre Qui a fait le tour de quoi ? L'affaire Magellan (Verdier, 2024).

L'image défiant le raisonnable et l'imaginable accompagne la découverte de l'exposition de Bastien Bürcher, artiste franco-suisse originaire d'Annecy et installé depuis quelques temps à Brème.

Entre histoire et légende

Dès les premières œuvres, le récit de l'artiste affiche son désir de se placer en résonance à celui, héroïque, de Stefan Zweig, mais aussi à celui, plus récent, de Romain Bertrand, et dont les versants historique et scientifique sont reliés par une écriture passionnante et passionnée.

Les extraits de ces reconstitutions historiques consacrées au navigateur ponctuent les murs de l'exposition comme des points d'ancrage verbaux qui s'insinuent parmi les lignes ondoyantes des œuvres.

Ce que Bürcher a réalisé n'est pas un ensemble d'images évoquant le voyage de Magellan, mais une véritable traduction moderne, une histoire visuelle et évocatrice d'une des aventures les plus importantes de l'histoire de la navigation : atteindre les Indes orientales, en naviguant vers l'ouest, afin d'accomplir le projet inabouti de Christophe Colomb.

Bastien Bürcher, Discussion de Palais á Séville, 50 x 70 cm - Mix media sur papier Fabriano 220 g, 2025

Parti le 10 septembre 1519 du port de Séville, Fernão de Magalhães quittera à jamais sa famille, car sa vie s'achèvera un an et demi plus tard sur l'île de Mactan, dans les Philippines, lors d'une confrontation armée avec les indigènes, après avoir été le premier européen à franchir le passage maritime au sud du Chili, baptisé plus tard "détroit de Magellan" en son honneur.

La circumnavigation du globe sera achevée par la suite par Juan Sebastián Elcano, qui prendra les rênes du Victoria, le seul navire (sur les cinq du départ) à regagner l'Espagne en 1522.

Embruns exotiques

Sans suivre le critère chronologique, l'exposition évoque sans décrire, laissant les images affleurer de la brume du temps. Autodidacte, Bürcher s'est penché sur l'étude approfondie des techniques anciennes et le procédé choisi, le monotype sur verre, permet la création d'un aplat fascinant.

S'il est impossible de ne pas penser au symbolisme exotique de Gauguin, avec ces œuvres, le public est plongé dans un univers peuplé de figures ectoplasmiques, présences discrètes mais insistantes.

Les silhouettes tracées sur l'encre à l'eau et marouflées par la suite, se détachent du fond de l'œuvre où les pans de couleurs réalisés avec de la peinture à l'huile très diluée, se laissent transpercer par le regard, grâce à leur diaphanéité séduisante.

 Vue de l'exposition © Autour de l'image

Dans le périple passionné de Bürcher, on peut également rencontrer d'autres figures impliquées dans ce grand voyage, comme le chroniqueur Antonio Pigafetta, Charles Quint ou l'ami Francisco Serrão mais surtout Enrique, l'esclave originaire d'Indonésie que Magellan emporta avec lui lors d'un voyage précédent, et qui est le protagoniste du grand triptyque qui domine l'exposition.

Magellan par Bastien Bürcher
Jusqu'au 22 février à l'atelier-galerie Autour de l'image (Lyon 2ᵉ) ; entrée libre

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