Moins de déchets, plus de tri : l'Auvergne-Rhône-Alpes à contre-courant du reste de la France

Jeudi 5 juin 2025

Écologie / Dans une France où les déchets ménagers ne cessent d'augmenter, la région Auvergne-Rhône-Alpes fait figure de bonne élève. Avec 500 kg par habitant collectés en 2021, elle se situe nettement en dessous de la moyenne nationale. Une performance qui doit autant à ses politiques locales qu'à une sociologie particulière du territoire.

Photo : Image par Manfred Richter de Pixabay

Alors que la moyenne française s'établit à 615 kg de déchets ménagers collectés par habitant en 2021, l'Auvergne-Rhône-Alpes descend à 500 kg. L'écart n'est pas anodin. Il traduit un rapport différent au déchet, à mi-chemin entre culture locale, politiques publiques et maillage territorial. Moins densément touristique que la façade atlantique ou méditerranéenne, la région bénéficie d'un effet mécanique : moins de résidences secondaires, donc moins de déchets générés par les vacanciers - lesquels faussent les ratios en les imputant aux seuls résidents.

Mais la différence ne s'explique pas seulement par la géographie. L'Insee souligne aussi l'impact des dispositifs de tarification incitative, plus répandus dans le Grand Est ou les Pays de la Loire, mais en progression constante en Auvergne-Rhône-Alpes. Là où ils existent, les volumes collectés chutent de plus de 50 kg/habitant en moyenne. Une tendance appelée à se renforcer, alors que la loi sur la transition énergétique pousse à leur généralisation.

Moins de déchets à la montagne

Autre facteur structurel : la montagne. Dans les territoires concernés par la loi Montagne - soit plus de 20 % de la population dans certaines intercommunalités - les tonnages collectés sont également inférieurs. Non que l'altitude rende plus vertueux, mais la dispersion de l'habitat et l'accès plus complexe aux déchetteries y limitent mécaniquement les volumes. À l'inverse, les zones périurbaines dynamiques comme l'ouest lyonnais ou le Genevois français génèrent davantage de déchets, portés par une densité commerciale plus forte et des niveaux de vie plus élevés - autres facteurs identifiés par l'Insee comme augmentant la production de déchets.

Si la région peut se féliciter pour ses bons résultats relatifs, elle n'échappe pas aux tendances nationales. En effet, la baisse des ordures ménagères résiduelles est réelle, mais les progrès en tri ne suffisent pas à infléchir durablement la courbe. Et l'objectif fixé par la loi de réduire les déchets de 15 % d'ici 2030 semble encore lointain. Le prochain cap, pour les collectivités sera de renforcer les collectes séparées, améliorer les taux de valorisation, et convaincre les habitants que moins jeter reste encore la meilleure option.