Drôme et Ardèche : s'échapper sur les terres jumelles
Vélo / Symétriquement installés de part et d'autre de la vallée du Rhône, la Drôme et l'Ardèche sont deux départements, deux territoires qui possèdent chacun leurs singularités, dans un esprit commun de simplicité et de naturel, offrant surtout un accès à la nature que l'on ne trouve que très rarement ailleurs. Suivez-nous pour une itinérance de trois jours, à vélo, pour vous immerger au cœur de ces authentiques territoires.

Photo : Ardèche et Ermitage © Arthur Delicque
L'idée de cet itinéraire entre Drôme et Ardèche est bien évidemment de profiter de l'une comme de l'autre, de la rive gauche comme de celle de droite. C'est d'ailleurs sous l'appellation Ardèche Hermitage que ces deux voisins sont liés, des villages authentiques de l'Ardèche verte à la Drôme des Collines. Leur premier intérêt commun, pour l'itinérance à vélo comme pour toute activité en extérieur, est leur accessibilité en train depuis toute la France. La gare de Tain l'Hermitage point central du territoire, se trouve à moins d'une heure de Lyon. De quoi partir avec son vélo sur un coup de tête pour fuir la ville et s'immerger sur les petites routes d'Ardèche et de la Drôme.

De Romans-sur-Isère à Tournon-sur-Rhône par la Drôme des collines
À peine tombés du train, nous voici propulsés en quelques coups de pédale sur les chemins drômois. L'idée est claire : découvrir le coin par les routes et les chemins, sans jamais chercher de portions techniques, tout en fuyant les grands axes. C'est chose faite dès les premiers kilomètres, durant lesquels nous nous échappons de l'ambiance urbaine pour nous immerger dans de jolis chemins roulants à travers champs. Le ton est donné : c'est beau !
C'est de là que l'on s'attaque aux véritables collines de la Drôme. Entre beaux chemins et petites routes, on ne croise plus une seule voiture, luxe auquel on s'habitue bien vite à vélo. Astucieusement tracées, les montées sont toutes extrêmement roulantes pour économiser de l'énergie et s'amuser sur les pistes parfois un peu cabossées à la descente. Une fois les sacoches bien secouées, nous posons les vélos pour une pause bien méritée à Saint- Donat-sur-l'Herbasse, afin de déguster la fameuse raviole du coin, emblème de la Drôme. Mais il faut bien rouler ! Tandis que les plus fatigués pourront aisément se laisser glisser vers la vallée du Rhône pour y faire étape, il serait tout de même dommage de ne pas effectuer un détour par les vignobles de Tain-l'Hermitage.
Perchée sur un beau belvédère, une magnifique piste blanche serpente au milieu des vignes jusqu'à une chapelle presque sicilienne, juchée au sommet. De quoi en prendre plein les yeux avant une première nuit bien méritée, au cours de laquelle il faudra tout de même goûter à la production locale...
Trois adresses où bien manger et bien dormir
L'Auberge de Saint-Félicien, à Saint-Félicien : Une belle terrasse ombragée où nous attendent de délicieux plats du jour, frais et de saison, dans une ambiance accueillante.
Brasserie la Rabasse, à Saint-Donat-sur-l'Herbasse : Le meilleur gratin de ravioles de la région ? Difficile de l'affirmer, mais n'ayons pas peur de le dire : la brasserie de la Rabasse fait honneur à son territoire, et sait mettre en valeur les produits de sa région.
Gîte Le pied du géant, à Tournon-sur-Rhône : Une fois redescendus dans la vallée du Rhône, le gîte Le pied du géant est une option de choix pour passer une nuit calme en plein centre de Tournon. Son label Accueil Vélo n'est pas usurpé : un étage complet est dédié aux bicyclettes, avec à disposition tout ce qu'il faut pour bricoler ses bécanes.
De Tournon-sur-Rhône à Saint-Félicien par... Le Mastrou
Si le Mastrou ne vous dit sûrement rien, il ne vous faudra que quelques minutes en terre ardéchoise pour rencontrer cette icône locale. Ce train vieux de plus de 130 ans circule au cœur des gorges du Doux, permettant de rejoindre sans effort le plateau ardéchois, en laissant simplement son vélo dans un wagon dédié. C'est parti pour un véritable petit voyage le long de la rivière, en passant de viaducs en tunnels, de clairières en forêts, avec toujours en toile de fond le Doux et ses impressionnantes parois minérales. Si la plupart des cyclistes profitent du Mastrou pour rejoindre Lamastre et la fameuse Dolce Via, agréable ancienne voie ferrée réhabilitée en voie verte, nous descendrons, nous, à la gare de Boucieu-le-Roi pour continuer notre épopée.

Deuxième jour, premiers coups de pédale et toujours pas de circulation en vue. On navigue sur des axes tertiaires pourtant bien entretenus, et il n'est pas rare de passer plusieurs heures sans croiser aucun véhicule. L'ambiance est plutôt aux vaches, aux chevaux et surtout aux chèvres... Car oui, nous arrivons rapidement à notre deuxième étape, Saint-Félicien, réputé pour ses produits fermiers : charcuterie, tommes, "caillé-doux"... L'endroit idéal où passer
la nuit le ventre plein. Nous voilà bien reçus à l'auberge de Saint-Félicien, sous une pergola qui nous fait rapidement oublier le caractère sportif de notre expédition. Heureusement, découper l'itinéraire en trois jours permet de prendre son temps, de se laisser aller à de longs repas en terrasse pour ne rien manquer des spécialités locales... Ici, on
mange autant qu'on roule. Préparez-vous !
De Saint-Félicien à Tain-L'Hermitage
Si nous avons parcouru ce bel itinéraire dans la fraîcheur du mois de mai, attention en plein été : les journées peuvent ici être (très) chaudes, et se lever tôt le matin ne peut être qu'une bonne idée. Un argument de plus pour effectuer ces 113 kilomètres en trois jours : cela permet de ranger le vélo l'après-midi pour profiter des mythiques rivières d'Ardèche, se baigner, se ressourcer, profiter du temps suspendu dans ces belles montagnes.

Du côté ardéchois et rhônois, il faut s'attendre à quelques rampes plus raides que du côté drômois. Et à plus de caillasse ! Les pistes rencontrées sur notre route sont parfois quelque peu accidentées, faisant appel à tous nos sens pour exploiter au mieux le terrain. Après une descente tirant presque sur le technique, on reprend notre chemin sur la route, avec l'impression d'avaler les kilomètres comme des champions cyclistes. D'ici, à Saint-Victor, comme en presque
tout point de l'itinéraire, il est possible de se laisser de nouveau descendre par la route vers la vallée du Rhône et de finir ce beau voyage. C'est d'ailleurs un atout de taille pour les débutants souhaitant se faire une première idée de l'itinérance à vélo. Ici, aucune chance de se frotter à plus gros que soi : on peut raccourcir l'itinéraire à l'envi !
Mais en ce qui nous concerne, le chemin n'est pas encore fini. Nos pérégrinations continuent sur le plateau ardéchois ; une dernière montée nous permet de découvrir le lac des Meinettes, pour une ultime pause avant de rejoindre la folie des villes. Ensuite, une belle et longue descente nous ramène à la vallée, où nous rejoindrons la plus connue et reconnue des voies cyclables françaises : la Via Rhôna. Fidèle à elle-même, avec son beau gravier fin, toujours plate le long de ce fleuve sauvage, cela nous donnerait presque envie de rouler ainsi jusqu'à la Méditerranée... mais non, il faut bien rentrer !
Et comme le train-vélo est sûrement la manière la plus pratique de voyager, en plus d'être la plus belle, nous n'avons qu'à jeter nos vélos dans un TER pour rejoindre sans effort nos foyers. Pas ou peu de logistique, des paysages à couper le souffle, un impact environnemental presque nul et surtout des souvenirs en pagaille dans les sacoches : voilà une petite aventure qu'il serait dommage de se refuser !
Intinérance entre Drôme et Ardèche
Distance totale : 130 kilomètres
Dénivelé positif : 1950 mètres
Difficulté : Accessible au débutant(e) sportif(ve), motivé(e) et gourmand(e) !
Départ de la gare de Romans-sur-Isère, accessible en train facilement depuis Lyon
Article écrit par Hugo CléchetÂ