Quatre rétrospectives rares, au Festival Lumière

Photo : Wives © Malavida
Sélection /
Anja Breien

Cinéaste phare de la Nouvelle Vague norvégienne, Anja Breien avait été "effacée" de l'histoire. C'était sans compter le travail de fond mené par Malavida depuis près de dix ans. En avant-première d'une vaste rétrospective prévue au printemps 2026, portée par le distributeur, cinq titres seront projetés au Festival Lumière. Breien intègre la section Histoire permanente des femmes cinéastes.
Son œuvre, rigoureuse et audacieuse, évoque la liberté formelle de la Nouvelle Vague française, et offre un regard naturaliste sur les structures sociales. À (re)découvrir : l'incontournable Wives, variation féministe d'Husbands de John Cassavetes, sa suite Wives, 10 ans plus tard, ou encore Le Viol, implacable critique de l'impartialité du système judiciaire norvégien.
Konrad Wolf

Konrad Wolf est une figure incontournable du cinéma est-allemand d'après-guerre, animé par la volonté de lutter contre l'oubli et de questionner l'histoire. Après avoir exploré la montée du nazisme à travers une cellule conjugale dans Lissy, il fut le premier réalisateur allemand à évoquer Auschwitz dans un film avec Étoiles.
Son style, sobre et réaliste, parfois distancié, offre un recul sur les événements qu'il filme, qu'il s'agisse de grandes périodes historiques ou de récits autobiographiques, comme dans J'avais 19 ans. Le Festival Lumière propose une rétrospective de cinq films pour découvrir Konrad Wolf qui, dans une relative discrétion, a su élaborer une œuvre introspective animée par l'idée d'interroger passé et présent à travers un geste discret.
Seijun Suzuki

Jamais rétrospective n'a aussi bien porté son nom : "le chien fou de la Nikkatsu" célèbre le travail de Seijun Suzuki, qui imposa sa folie au sein de la compagnie nippone et du cinéma japonais dans sa globalité. Le réalisateur s'est fait un nom en abordant différents genres (principalement le polar et l'érotisme) via un traitement pop, coloré et extrêmement graphique.
Au programme de cet hommage, cinq longs-métrages parmi lesquels sa trilogie consacrée à la femme japonaise et à ses désirs, où Suzuki aborde la figure marginale de la prostituée en adaptant même, de manière très libre Bizet dans Carmen de Kawachi. Notons également la présence de deux thrillers (Le Vagabond de Tokyo et La Marque du tueur) qui firent la renommée du metteur en scène et qui inspirèrent des auteurs comme Quentin Tarantino ou Nicolas Winding Refn.
István Szabó

István Szabó est, aux côtés de Béla Tarr et Miklós Jancsó, le réalisateur hongrois le plus important de l'histoire. Multi récompensé, et ce, à travers le monde (notamment aux festivals de Berlin ou Cannes), son œuvre s'étend sur près de six décennies. Des courts-métrages tournés dans sa Hongrie natale, à son passage à la langue anglaise, avec Sunshine en 1999, c'est tout un pan du cinéma européen qu'il a eu la chance d'explorer.
Événement notable de cette édition du Festival Lumière, le cinéaste sera présent pour assister à une rétrospective de trois de ses œuvres : Père, l'un de ses premiers longs-métrages, Mephisto (qui lui valut l'Oscar du meilleur film étranger) et Adorable Julia, mélodrame en costume incarné par Annette Benning et Jeremy Irons.
Festival Lumière
Du 11 au 19 octobre 2025 dans toute la métropole de Lyon ; prix variables