Festival Lumière, Pop goes my heart
Festival / Dans la vaste sélection du Festival Lumière 2025, ressort nettement l'envie de célébrer un référentiel de patrimoine contemporain et pop à bien des égards. Entre les États-Unis et l'Asie, c'est tout un pan d'une cinéphilie récente, grand public et cinématographiquement excitante qui sera mis en valeur.

Photo : The Killer © Metropolitan Filmexport
En 2006, Michael Mann transposait pour le cinéma Miami Vice, une série culte qu'il a largement contribué à créer au cours des années 80. Il s'appropriait un totem de la pop culture américaine pour élaborer un polar urbain sophistiqué. Le résultat ? Un film qui a déstabilisé les fans de la première heure et a envoûté une nouvelle génération. Ce mélange d'expérimentation avant-gardiste et de volonté populaire a traversé toute la carrière du flamboyant 17e Prix Lumière. Michael Mann n'a jamais dissocié exigence artistique, ambition intime et divertissement. Le récompenser à Lyon, c'est aussi saluer un cinéma qui sait parler au plus grand nombre sans jamais renoncer à sa complexité.
Nouvel Hollywood
Ce désir de célébrer un patrimoine pop et quasi contemporain irrigue toute la programmation. On pense notamment à l'acteur rebelle, Sean Penn, qui a imposé sa prestance dès les années 80. Pourtant; c'est principalement en tant que réalisateur qu'il sera ovationné au Festival Lumière. Ses débuts avec les sombres The Indian Runner et The Crossing Guard furent brillants mais c'est avec Into The Wild qu'il a remporté tous les suffrages. Il a signé le film culte d'une nouvelle génération en quête d'aventure et d'absolu, capturant l'humeur d'une époque à travers le récit biographique de Christopher McCandless.
Autre figure emblématique qui sera présente au festival : Natalie Portman. Depuis ses débuts, elle a navigué entre cinéma d'auteur exigeant et blockbusters (de Star Wars à Thor). Mais ce va-et-vient apparent cache en réalité des ponts inattendus : V pour Vendetta - adaptation mainstream d'Alan Moore - est devenu un symbole révolutionnaire grand public. Quant à Black Swan, son succès planétaire a à peine masqué le jusqu'au boutisme radical du film. Toujours est-il que le chef-d'œuvre de Darren Aronofsky a durablement remis à la mode le ballet de Tchaïkovski.
Catégorie 3
Entre les années 1980 et 1990, Hong Kong a réinventé le cinéma d'action. Artisan majeur de cet âge d'or, John Woo a élevé les fusillades au rang d'œuvre d'art, mêlant lyrisme flamboyant et poésie visuelle. Trois de ses chefs-d'œuvre seront présentés en copies restaurées, en 4K : À toute épreuve, le film d'action définitif ; The Killer, sa relecture lyrique du Samouraï de Jean-Pierre Melville et Une balle dans la tête, son œuvre la plus personnelle. C'est cette virtuosité qui l'a amené jusqu'à Hollywood, où il a notamment signé Volte-Face et Mission : Impossible 2, parachevant le statut de superstar absolue de Tom Cruise.
Shu Qi incarne un autre parcours singulier, et sera elle aussi présente au festival. Taïwanaise, elle est une légende du cinéma asiatique, et est aujourd'hui associée au contemplatif Hou Hsiao-Hsien (Millennium Mambo, The Assassin). Ses débuts se sont pourtant ancrés dans un champ beaucoup plus pop : de l'action hongkongaise au Transporteur. Son premier film en tant que réalisatrice, Girl, promet de dévoiler une autre facette de son talent, sans doute nourrie des deux versants de sa carrière.
Cette 17e édition affirme une chose : célébrer un cinéma populaire, c'est aussi miser sur l'exigence. Le festival réussit cette année une équation rare, celle de faire dialoguer les mythologies du grand public avec celles du cinéma d'auteur, et de réunir, dans une même salle, les fidèles et les curieux venus d'autres horizons.
Festival Lumière
Du 11 au 19 octobre 2025 dans toute la métropole de Lyon ; de 6 à 14 €