Breathless

De et avec Yang Ik-june (Corée du Sud, 2h10) avec Kim Kot-bi, Jeong Man-shik…

Après nous avoir excités comme des adolescents enfin débarrassés des ravages de la puberté, le cinéma coréen récent aura eu grand mal à nous stimuler plus d’une à deux fois par an. Ses enfants terribles se sont passablement assagis, et le talent de ses techniciens sert désormais majoritairement la soupe à des produits suintant fort le formatage américain. Dans cette morosité ambiante, un film comme Breathless fait un bien fou. Un OVNI impulsif d’une liberté formelle salutaire, guidé par les sentiments violemment conflictuels de ses personnages. Lesquels passent une grande partie de leur temps à s’insulter et à se foutre des tartes dans la gueule, quand la violence ne se fait pas encore plus dérangeante ou graphique. On y suit les pérégrinations instables de Sang-hoon, collecteur de dettes particulièrement bourrin à la solde du potentat local, ses accrochages avec son alcoolique de paternel, sa rencontre avec une lycéenne moyennement effarouchée qui lui apportera peut-être, enfin, l’apaisement auquel il aspire sans le savoir. Soit l’éclatement et la recomposition de la cellule familiale comme symbole des dysfonctionnements de toute une société – le sujet peut paraître bateau, le traitement, en revanche, ne l’est absolument pas. Breathless carbure à l’énergie brute, à la captation de l’instant aussi glauque soit-il, accuse de fait quelques baisses de régime mais nous fait sortir de la projection groggy, les tripes nouées d’un malaise étrangement libérateur.
François Cau

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Mercredi 7 avril 2010 La violence sourde de "Breathless" doit autant au vécu de son jeune réalisateur, Yang Ik-june, qu’à son tournage épique, en mode commando. La preuve en quelques réponses. Propos recueillis par François Cau

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