It's gonna be Legendary

Eh oui, on vous le dit, la venue de The Legendary Tigerman à la Maison de la musique est une sacrément bonne nouvelle. C’est un euphémisme que de dire que l’on attend de voir en live son rock blues sensuel, déjà magique sur album, et donc débordant de promesses. Propos recueillis par Laetitia Giry

Aura ténébreuse et douceur naturelle : Paulo Furtado s’impose comme un rocker peu commun. Portugais de son état, il enchante ici et là-bas, voyageant son blues crasseux mais mignon un peu partout sous un drôle de pseudonyme, The Lengendary Tigerman. Car, comme il nous le dit, « Je crois que pour être un one-man-band, il faut avoir un nom que l’on utilise un peu comme un costume de super-héros. » Pour le choisir, une touche d’héritage musical : « « Tigerman » vient d’un morceau que j’aime beaucoup de Rufus Thomas », et une touche d’ironie : « « legendary, pour faire comme si un projet qui commençait juste pouvait déjà être légendaire ». Ce projet, c’est lui, multi-instrumentiste, compositeur et esthète : « C’est un peu un accident. Je n’ai jamais vraiment planifié de devenir un one-man-band. Je jouais de la guitare, j’ai commencé à composer en essayant de chanter. Au bout d’un moment, c’est devenu ennuyeux, j’ai commencé à utiliser des grosses caisses qui se trouvaient là. Ce n’est qu’un an et demi après ces débuts que j’ai estimé que je pouvais faire quelque chose de valide artistiquement. J’aime bien travailler seul. Pour moi, The Legendary Tigerman n’est pas seulement un projet de musique, mais il inclut aussi le cinéma et la photo. C’est un projet global où je peux faire exactement ce que je veux, prendre toutes les décisions : il m’offre une liberté artistique totale.»C’est mieux à deux
« Dès mes douze ans, j’ai aimé le rock garage, le blues… C’est ce qui m’a donné envie de faire de la musique, je n’écoutais pas les musiques traditionnelles comme le fado. C’est le rock and roll qui m’a toujours brûlé le sang. » Après quatre albums en solo obéissant parfaitement à cette énergie matricielle, dans lesquels se côtoient compositions et reprises des maîtres (comme Johnny Cash), le tigre sort les griffes et s’engage dans un album de duos. Ce « Femina » (2009), fiévreux et sensuel, regorge de surprises réjouissantes. Des morceaux au romantisme sexué, au gothisme poudré, qui se font les représentants d’une part sombre de l’être dans une jolie boite à musique. Un paradoxe incarné par les voix des différentes invitées : de Peaches à Cibelle, d’Asia Argento à Maria de Medeiros. « Je n’ai jamais fait une liste de filles que je voulais inviter. Ce sont plutôt les idées de chansons et de paroles qui m’ont dirigé vers une personne ou une autre. Cela a été très simple avec Asia Argento : je lui ai envoyé un message par l’intermédiaire de Myspace, et il s’avère qu’elle était dans un aéroport, en train d’écouter mon premier album, c’est très bizarre. J’ai fait ça avec un peu tout le monde : j’ai envoyé des messages avec des petits morceaux de musique. Ensuite, on a souvent travaillé par internet ou téléphone, puis on s’est rencontrés en live pour enregistrer les morceaux et faire des courts-métrages (réalisés avec chacune des participantes à l’album). [et disponibles dans une édition spéciale de l’album, ndlr] » Difficile d’établir une hiérarchie quand la perfection guette, mais citons pêle-mêle quelques titres particulièrement réussis : Life ain’t enough for you, l’un des duos avec Asia Argento, qui charme par sa lenteur mesurée, ses paroles susurrées et son potentiel à former un cocon autour de l’auditeur bienheureux, ou bien la reprise de True love will find you in the end avec Cibelle, blues crépusculaire qui fait honneur aux voix, ou encore Hey, sister Ray, duo avec la nouvelle sensation portugaise, Rita Redshoes, dont la voix s’accorde à celle du tigre avec une harmonie rare. Cette dernière participe à la tournée et sera donc sur scène. On aime les bonus.Son & images
La pochette de l’album, hommage à celle de Gainsbourg pour Love on the Beat, parfait l’esthétique développée par le Tigerman, le présentant à moitié maquillé dans un noir et blanc sublime, la fumée de cigarette posant son filtre vaporeux sur la pellicule : « j’avais envie d’une pochette qui montrerait ma propre part de féminité, sans pour autant me travestir ». Si ses chansons se suffisent évidemment à elles-mêmes, force est de remarquer que les ambiances créées ont ce quelque chose qui les rapproche du cinéma. Bingo ! « J’ai déjà fait la bande originale d’un film portugais, et je travaille en ce moment sur celle d’un western. Je suis actuellement au Festival de courts-métrages de Clermont-Ferrand [nous sommes le vendredi 11 février, il est 15h et nous envions le Tigerman, NDLR], où je montre mes films. » Deux passions valent mieux qu’une, surtout quand elles sont pratiquées l’une et l’autre avec talent. Pour être tout à fait charmés : faites un tour sur internet et regardez le clip de Life ain’t enough for you, qu’il a coréalisé. Un plan comme celui d’Asia Argento – regard perdu et enfumé dans un clair-obscur rougeoyant – ne peut pas trahir, mais seulement être la marque d’un véritable artiste. Non, décidément, il est des signes qui ne trompent pas.The Legendary Tigerman feat Claudia Efe & Rita Redshoes + Jose & the Black queen
Samedi 19 février à 20h30 à la Maison de la Musique de Meylan.

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