Baigné dans le jazz dès son plus jeune âge, converti aux joies de l’électro bien avant son essor international, Bugge Wesseltoft se fait remarquer dès 1990 par cette figure tutélaire incontournable du jazz norvégien qu’est Jan Garbarek. Il tâte du piano aux côtés du fameux saxophoniste, se perfectionne encore un peu au sein d’un quintet, d’un Jazzpunkensemble mais ne fait pas durer ces aventures plus d’un an. En 1994, la reconnaissance que lui apporte son album Nightsong avec Sidsel Endresen lui permet de créer son propre groupe au nom évocateur de New Conception of Jazz, puis de former le label Jazzland dans la foulée. Avec ces deux armes à sa disposition, il va enfin pouvoir donner libre cours à ses expérimentations mêlant jazz improvisé et sonorités électroniques. Ça tombe plutôt bien, la scène jazz norvégienne, en pleine ébullition sur cette même fusion, voit émerger les énergies complémentaires du combo Jaga Jazzist et du très planant trompettiste Nils Petter Molvaer, pour ne citer que les plus connus – tous ces talents contribueront à l’essor de ce qu’on a appelé le future jazz ou nu-jazz. Dès lors, les albums de Bugge Wesseltoft seront des photographies de ses préoccupations musicales du moment, des extrapolations volubiles au piano taquinant un large spectre d’émotions jazz, mâtinées de deep-house, d’ambient, de techno ou d’électro. Il poursuit par ailleurs ses collaborations avec Sidsel Endresen et Jan Garbarek (il participe notamment à l’enregistrement de son fameux Rites en 1998), se fait un nouveau camarade de jeu au mitan des années 2000 en la personne de Laurent Garnier (il participera à ses disques The Cloud Making Machine et Public Outburst). Bref, Bugge Wesseltoft est un artiste curieux, dans tous les sens du terme, ce qui devrait se traduire par deux performances mémorables cette fin de semaine à l’Hexagone. FC
