Le Bleu Serge

Gainsbourg le jazz quand tu t'y mets - COMPLET



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Créé à la Maison de la musique de Meylan avec un sextet et trois voix, "Gainsbourg : le Jazz quand tu t’y mets" explore et honore la « période bleue » (1958-1965) de l'intéressé. L’occasion de revenir sur un moment fondateur de l’œuvre d'un peintre frustré qui ne tarda pas à révolutionner la pop française. Stéphane Duchêne

L’histoire – la légende, au fond peu importe – raconte qu’à l’époque où Gainsbourg tirait le diable par la queue dans les années 50 – et pas par facétie –, une porte dérobée du petit appartement qu’il partageait avec sa femme d’alors, Olga, donnait sur la salle d’un club de jazz. Et que c’est en changeant de pièce que le jeune Serge changea de monde et de vie, abandonnant ses velléités picturales (il se rêvait l’égal de Bacon) pour se consacrer à la musique. En premier lieu au jazz, suite à une rencontre avec Boris Vian, artiste multiple et excentrique qui impressionna immédiatement Gainsbourg et le pris sous son aile. Le jazz comme un retour aux sources aussi pour Lucien-Serge dont le père l’avait initié, entre autres choses, à ce genre, comme à l’atmosphère des piano-bars – où il officiera lui-même beaucoup.

Technique du rejet

Ces premières années pré-pop (le swingin’ london qui l’inspirera plus tard n’étant encore même pas en germe dans l’esprit de ses protagonistes, le rock n’roll commençant à peine à traverser l’Atlantique), Gainsbourg les qualifia de « période bleue », référence à la peinture qui l’avait tant obsédé et continuera de le faire – sans doute à la fameuse note bleue (« blue note ») abaissée d’un demi-ton, caractéristique du jazz, mais aussi à une certaine mélancolie de l’existence qu’il ne tarde pas à dépeindre dans ses chansons.

Existence quotidienne (Ce Mortel Ennui – on songe au Poinçonneur des Lilas) ou amoureuse : Gainsbourg est un cœur d’artichaut timide grimé en cynique à la recherche de La Recette de l’Amour Fou, dont les « illusions donnent sur la cour ». Et que sa petite notoriété ne tarde pas à entourer de muses irrésistibles et parfois inaccessibles – quand bien même seraient-elles accessibles, l’Amour reste l’Amour : une manne qui se paie de chagrins à exorciser en chansons.

Mais d’emblée Gainsbourg se révèle auteur grinçant et drôle, guère fâché avec l’autodérision car convaincu de la futilité de sa condition (l’hilarant Le Charleston des Déménageurs de Piano) et surtout déjà porteur, derrière les atours jazz, d’une nature pop, qui commencera à se révéler avecSerge Gainsbourg N°4 en 1962, album du tournant. Pour preuve cette comparaison flatteuse avec le grand Cole Porter,  signée Maître Vian : « même prosodie, (…) même technique du rejet et de l’allitération ». Soit tout Gainsbourg déjà en germe.

Gainsbourg : le jazz quand tu t’y mets, vendredi 24 et samedi 25 janvier à 20h30, à la Maison de la musique (Meylan)

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