Il y a du Flaubert dans L'Amour et les forêts, nouveau roman d'Éric Reinhardt qui fait suite à quelques hits de la littérature des années 2000 – Le Moral des ménages (2001), Cendrillon (2007) ou encore Le Système Victoria (2011). Du Flaubert surtout en Bénédicte Ombredanne, Madame Bovary moderne qui se présente un jour à l'auteur dans une lettre qui le touchera, expliquant avoir été bouleversée par Cendrillon. Puis elle se confiera davantage, évoquant un mari qui la harcèle et l'empêche de vivre. Avec l'espoir que le pouvoir des mots l'aidera.
Éric Reinhardt, après une introduction à la première personne détaillant la rencontre avec cette fameuse Bénédicte Ombredanne (une fiction nourrie à la réalité), déploie alors un récit tout sauf linéaire et attendu, offrant son héroïne une résonnance forte. Car l'écrivain sait ausculter notre monde contemporain avec recul et finesse, en délaissant cette fois-ci la société dans son ensemble (le libéralisme débridé du Système Victoria par exemple) pour se concentrer sur les affres de l'intime, en convoquant un certain romantisme très actuel dans le style. Et offre en filigrane un grand livre sur la force et les méandres de l'écriture.
Aurélien Martinez
Lecture-rencontre avec Éric Reinhardt, vendredi 5 décembre à 19h à la librairie Le Square