de Lars Kraume (All., 1h46) avec Burghart Klaußner, Ronald Zehrfeld, Lilith Stangenberg...
Engagé à peu de choses près pendant Le Labyrinthe du silence de Giulio Ricciarelli, Fritz Bauer apporte un contrechamp et une seconde couche sur ce thème de la prise de conscience par les Allemands de l'ampleur de la Shoah, ainsi que de la nécessité d'une dénazification publique de la société germanique, en se focalisant sur la personne d'un procureur atypique.
Figure du droit, autorité morale des années 1960 pour toute une génération, Bauer a cependant été écarté de l'Histoire officielle pendant près d'un demi-siècle, comme mis au purgatoire. Trop juif, trop homosexuel ? Trop critique vis-à-vis de ses contemporains ? Coupable d'avoir permis aux services secrets israéliens d'arrêter Eichmann en leur livrant des informations ? Comme toujours, c'est le thermomètre indiquant la maladie honteuse qu'on a voulu briser, au lieu de la traiter.
Le contrecoup, c'est un enchaînement de films “de réparation”, au classicisme assumé et suscités par des auteurs étrangers : Ricciarelli est italien ; quant à ce Fritz Bauer, il a été coécrit par le Français Olivier Guez, d'après son essai. Demeure l'impression un peu humiliante que l'on force la main au cinéma d'outre-Rhin pour qu'il considère les années du Wirtschaftswunder...
VR