Feu de paille ou bombe incendiaire, on annonce Last Train, jeunes hommes bien rangés aux concerts dérangés, comme le futur du rock vintage. À voir et surtout à suivre. Stéphane Duchêne
Sur le papier, c'est-à-dire sur leurs affiches ou photos de presse, les membres de Last Train, programmés ici avec Jeanne Added, ont l'air tout droit sorti de la prépa lettres du lycée Fustel de Coulanges de Strasbourg – ils sont Alsaciens. Une fois qu'on monte le son, le quatuor se mue en l'un de ces démonte-pneu du rock qui colle assez facilement au mur le public et la critique qui aurait peur de ne pas être montée dans le bon wagon. Car le leur, de wagon, va vite, très vite ; et il se dit qu'il ira loin très loin, comme un bohémien ou peut-être même comme Muse tiens, s'il leur prenait l'idée plutôt mauvaise de transfmuter leur énergie foudroyante en théâtralité et en lyrisme.
On préférerait de loin qu'ils continuent de se vautrer dans une sorte de fange psychédélique dans laquelle une mère ne reconnaîtrait pas ses petits mais qui conserve cette sauvagerie, en la patinant avec ce qu'il faut de bons produits et d'épaisseur – ce qui les rapprocherait aussi des grands zinzins crasseux du Black Rebel Motorcycle Club. Reste à savoir si ce qui fait la grande force de Last Train en live (le groupe a été l'un des plus incroyables Inouïs de 2015 à Bourges), à savoir cette tendance à l'improvisation échevelée au point de désosser chacun de ses morceaux (y compris leur tube Cold Fever pourtant incassable), ne va pas finir par les envoyer dans le décor. Continuer d'accélérer et faire mine de dérailler tout en restant vaille que vaille sur les rails, voilà le grand défi de Last Train.
Last Train + Jeanne Added
À la Belle électrique samedi 16 avril à 20h30