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"Zombillénium" : Monstres contre Cie
Par Vincent Raymond
Publié Mardi 17 octobre 2017
Zombillénium
De Arthur de Pins, Alexis Ducord (Fr, 1h18) avec Emmanuel Curtil, Alain Choquet
Cinéma / Arthur de Pins, l'auteur du fameux court-métrage "La Révolution des crabes", passe enfin au long avec l'adaptation réussie de sa série BD la plus célèbre narrant l'histoire d'un parc d'attractions dirigé par des morts-vivants mais menacé de fermeture. Une illustration animée du capitalisme inhumain...
Pas de chance pour Hector ! Venu inspecter Zombillénium, il a découvert par accident le secret de ce parc d'attractions : c'est une annexe des enfers où travaillent des morts-vivants. Pour s'assurer de son silence, le directeur le transforme en démon et l'intègre à son l'équipe. Il en aura besoin...
Lorsqu'ils ont découvert ses premiers albums Péchés Mignons, peuplés de personnages aux sages rotondités poupines se livrant à de coquins ébats, les lecteurs du Français Arthur de Pins ont sans doute été déroutés : le style néo-ligne claire-3D de l'auteur et sa bouille de premier communiant ne laissaient pas présager d'une telle hardiesse. Mais le sieur Arthur excelle dans l'art du faux-semblant ; sa série suivante, Zombillénium, en est une preuve éclatante. Sous des dehors lisses, brassant l'imaginaire fantastico-gothique dont les ados sont friands, ce cycle d'albums fait du diable le cupide actionnaire majoritaire du parc – son exploitant...exploiteur.
Même si le propos de De Pins n'est pas très éloigné de Dismaland (le parc à thème anarcho-divergent de Banksy), le destin des "employés", c'est-à-dire des damnés œuvrant dans les coulisses, l'intéresse davantage que l'ambiance foraine. Même si la fantaisie ludique n'est pas laissée pour compte : il l'obtient en hybridant son conte social (situé dans le Nord, de surcroît) avec toutes les espèces magiques noires ou blanches possibles.
Parc à anathème
En portant à l'écran son riche matériau, De Pins a considérablement toiletté l'histoire, la remaniant sans en perturber foncièrement le sens : les personnages y gagnent en épaisseur dramatique, en particulier le héros, gratifié ici d'une fillette. Le film restitue par ailleurs sans aucun mal l'esthétique, les cadrages, les profondeurs et les tons vifs des albums : les techniques infographiques ont cet avantage d'être transposables de la planche à l'écran.
À la grande fluidité de l'animation s'ajoute un sens du rythme double porté par le montage et la musicalité de l'ensemble. Comme le clip Nameless World (2013), bout d'essai de Zombillénium réalisé pour le groupe Skip the Use, le laissait subodorer, Mat Bastard a logiquement composé la BO, aux accents ultra rock. Voilà qui ajoute de l'agrément à un film méritant d'être le succès monstre d'Halloween.
Zombillénium
de Arthur de Pins & Alexis Ducord (Fr., 1h 18) animation
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