de Ruben Östlund (Sue.-All.-Da.-Fr., 2h31) avec Claes Bang, Elisabeth Moss, Dominic West...
Alors qu'il s'enorgueillit de présenter une exposition visant à tester l'humanisme des visiteurs et secouer les consciences, le directeur d'un musée d'art contemporain se livre à une série d'actes mesquins et pathétiques, révélateurs de son moi profond. La raison ? On lui a volé son portable...
On savait depuis Snow Therapy (2015) que Ruben Östlund est du bois dont sont faits les moralistes, et le monde de l'art contemporain, parcouru de tartuffes de tous poils, propice à l'exploration de l'insondable vanité humaine : la rencontre entre les deux pouvait (devait) nécessairement produire une "performance" remarquable. Remarquée, elle l'est certes (une Palme d'Or à Cannes), mais elle se révèle par trop conforme à ce qu'on pouvait en attendre, The Square vitupérant de manière convenue les paradoxes et hypocrisies sociétaux à travers un milieu connu pour être caricatural.
Le film manque en outre d'homogénéité dans son approche : la satire oscille entre premier et second degrés, la comédie brute et la farce décalée. Au milieu de cette longue mer des sarcasmes tranquille, Östlund sait cependant faire émerger des îlots abrupts, donnant l'impression qu'il a absorbé la substance vitale "hannekienne". On pense en particulier à deux séquences jouant sur la durée, aptes à plonger le public dans une situation malaisante. Les deux commencent par un sourire et s'achèvent dans l'angoisse, lorsque les masques sociaux finissent enfin par tomber, révélant la hideur véritable des individus. On touche alors, trop brièvement, au grand art.