de Andrea Pallaoro (Fr.-Bel.-It., 1h35) avec Charlotte Rampling, André Wilms, Jean-Michel Balthazar...
L'histoire du Hannah d'Andrea Pallaoro n'a que peu à voir avec celle du 45 ans d'Andrew Haigh sorti l'an dernier ; et la forme des deux films diffère. Pourtant, les deux semblent indissolublement liés par la présence de leur interprète féminine commune, Charlotte Rampling. Comme si la comédienne s'appliquait à réunir, dans sa maturité, une galerie de portraits de femmes éprouvées portant haut leur dignité. Des portraits tels qu'elle avait pu esquisser chez Ozon (Sous le sable, Swimming Pool), où elle offre sans fard la dignité de son délitement et qui lui valent aujourd'hui une razzia de prix : après l'Ours d'argent, elle a ici conquis la Coupe Volpi à Venise.
Hannah voit ses repères basculer lorsque son époux est incarcéré pour une histoire dont on comprend peu à peu la sombre nature. Mais cette femme droite tente de faire bonne figure, et de ne rien laisser paraître aux yeux du monde... Peu de dialogue et un minimum d'action marquent cette œuvre d'ambiance "statique" – de photographe, pourrait-on dire, tant est soignée la composition visuelle avec ses pénombres et ses camaïeux de gris. De quoi créer de la distance, de la froideur ? Pas de jugement hâtif : quand les digues rompent et que le chagrin submerge son personnage, il est difficile de ne pas éprouver une violente empathie pour Hannah.