de Michael Gracey (E.-U., 1h46) avec Hugh Jackman, Michelle Williams, Zac Efron...
Des poussières de son enfance miséreuse aux paillettes de la gloire, en passant par ses échecs, The Greatest Showman est la vie romancée à la façon d'une comédie musicale de l'inventeur du spectacle moderne, l'entrepreneur Phineas Taylor Barnum (1810-1891). Créée ex nihilo pour le cinéma, sans passer par la case Broadway (une exception partagée avec La La Land), cette comédie musicale adopte les codes du grand spectacle contemporain pour en conter la genèse, avec ce qu'il y a d'extravagance, de scintillant, mais aussi de clichés et de tape-à-l'œil façon Baz Luhrmann – la mise en abyme est de ce point de vue réussie.
Et quel meilleur ambassadeur pour incarner Barnum que Hugh Jackman ? Ultime représentant de ces showmen plus qu'accomplis : absolus, conservant leur crédibilité sur toutes les scènes, il fait évidemment le job. Paradoxalement, sa franchise sert la rouerie vaguement cynique de l'entrepreneur, dont on ne parvient à savoir ce qui chez lui primait de la soif de reconnaissance sociale et de l'argent ou du désir d'"entertainment".
Partition aux notes volontairement appuyées, The Great Showman accuse quelques bémols. Ainsi, la présence ultra-charismatique de Jackman éclipse-t-elle celle de ses partenaires : Michelle Williams, en épouse-inspiratrice, fait figure de silhouette ; Zendaya tire davantage son épingle du jeu. Quant aux arrangements, les oreilles les moins raffinées pourront fustiger leur banalité commerciale et leur absence de lyrisme. Dommage, car les chansons sont la colonne vertébrale d'un "musical".