"Bigre" : nos chers voisins

Bigre

Théâtre municipal de Grenoble

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre / Critique enthousiaste de la pièce du metteur en scène Pierre Guillois qui sera donnée jeudi 1er et vendredi 2 mars au Théâtre municipal de Grenoble.

En prenant le parti de se passer de texte, le metteur en scène Pierre Guillois a dû inventer une autre forme d’échange entre ses trois personnages. Un pari d'autant plus risqué que ce qu’il a à nous dire n’est pas très réjouissant. Voyez ces trois individus, cloîtrés dans leurs studios grands comme des mouchoirs de poche. Ils pourraient être de jeunes étudiants rongeant leur frein en attendant des jours meilleurs ; mais ce sont des adultes, comme un nombre croissant des locataires des appartements minuscules et branlants dont s'enorgueillit notre belle société. Des adultes anonymes dont les caractéristiques font non seulement de parfaits ressorts comiques pour ce spectacle burlesque, mais expriment également comment l’homme, esseulé, s’est mis à parler aux murs.

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C’est là que le théâtre reprend ses droits, via un travail méticuleux sur le décor constitué par leurs trois cabanes. L’un des protagonistes loge ainsi dans une piaule high-tech et d’un blanc immaculé, ne commandant ses objets que par des artifices – claquement de main, télécommande… Un autre vit dans un capharnaüm digne d’un psychopathe – ou d’un pauvre qui n’aurait pas de placards. La troisième, enfin, siège dans une maison de poupée d’un rose délavé.

À partir de là, Pierre Guillois aurait pu se contenter de construire une succession de sketches en solo, duo ou trio, dans la veine des Brèves de comptoir de Jean-Michel Ribes. Mais il a su ne pas étirer des scènes presque acquises, celles avec des chansons entêtantes – on vous met au défi de ne pas chanter à tue-tête Happy Together en sortant ! À force de s’être ignorés, rapprochés, séparés, ces voisins en viennent en effet à s’aimer, parce que face à la difficulté d’exister, il n’y pas de solution alternative. Et ce qui peut parfois s'apparenter à une sitcom très bien ficelée autour de Sims en chair et en os de devenir, lors d'une très émouvante séquence finale où chacun pousse ses cloisons, matérielles ou affectives, un art plus que vivant.

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Bigre
Au Théâtre municipal de Grenoble jeudi 1er et vendredi 2 mars à 20h30

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