Soirée / Un nom de scène raccourci (aux oubliettes le "Miss"), un nouvel album ("Cosmos") franchement emballant qui tranche radicalement avec ses précédentes sorties discographiques... Autant de raisons de se (re)pencher sur Kittin, de passage ce samedi 16 février à la Belle électrique pour un set longue durée de 4h.
Le parcours artistique de Kittin est, aujourd'hui, largement connu – surtout à Grenoble, ville qui l'a vue naître en 1973. La découverte des premières raves à l'orée des années 1990 et le choc émotionnel qui l'accompagne, les premiers pas dans le deejaying alors qu'elle est encore étudiante aux Beaux-Arts, sa collaboration prolongée avec The Hacker (un autre Grenoblois de renom) et leur amour partagé pour les sonorités synthétiques sombres des années 1980...
Surtout, en 1998, le duo sort deux morceaux emblématiques, 1982 et Frank Sinatra, qui, aux côtés du classique Space Invaders are Smoking Grass du Hollandais I-F, vont amorcer le phénomène électroclash et assurer aux deux artistes un succès international. Trois ans plus tard, c'est la sortie de leur bien intitulé First Album, et le départ de Kittin pour Berlin. Une période faste pendant laquelle la DJ enchaîne les dates à n'en plus finir, sort un mix-CD hautement acclamé (Radio Caroline Volume 1, en 2002), suivi d'un premier album solo très réussi, I Com (en 2004), qui la voit s'aventurer dans une large gamme de styles musicaux.
Nouveau départ
En dépit d'un succès international jamais démenti et de plusieurs nouvelles sorties discographiques, la suite s'avère, à nos yeux, moins marquante artistiquement. Les bases ont déjà été posées dans la première décennie de sa carrière et, pour un public sans cesse en quête de nouveauté, Kittin fait désormais un peu partie des meubles. Du moins en apparence.
Après quelques signes annonciateurs (l'apparition sur Soundcloud d'un mystérieux mix intitulé 1995, on the road from Grenoble to Geneva, la sortie d'un EP de morceaux inédits enregistrés avec The Hacker à la fin des années 1990), Kittin fait sauter le désuet "Miss" de son nom de scène, et revient en novembre 2018 avec un concept album assez bluffant. Fini les structures pop, le son club et les beats répétitifs : sorti sur le très pointu label de San Francisco Dark Entries, Cosmos fait la part belle à l'abstraction, aux textures ambient, aux expérimentations IDM et aux sonorités revêches, sur lesquelles la voix détachée de Kittin retrouve tout son potentiel de fascination. Un volte-face tranchant qui marque à la fois une rupture totale et un vrai renouvellement, et laisse espérer le meilleur pour la suite.
Kittin + Le Bateau Ivre
À la Belle électrique samedi 16 février à 23h