Théâtre / Pour célébrer ses 50 ans de carrière, le comédien, metteur en scène et auteur Serge Papagalli, comique dauphinois par excellence, propose un western-spaghetti de 2h20 avec, à ses côtés, 13 comédiennes et comédiens de la scène grenobloise qui lui sont fidèles. Avant la première de cet intrigant "Western !" mardi 13 octobre sur la scène de la MC2 (et la tournée iséroise qui suivra), on lui a posé quelques questions.
Fêter ses 50 ans de scène, ça doit être vertigineux !
Serge Papagalli : Ce n'est pas anodin, en effet. Ça peut même être vertigineux, certes, mais comme j'ai fait un peu d'escalade dans ma jeunesse, je me cramponne aux rochers pour tenir ! Plus sérieusement, disons que quand on démarre dans ce métier à hauts risques, surtout à l'époque où j'ai commencé, on le fait avec passion, sans calcul et donc sans savoir réellement où l'on va. Être encore vivant après ce demi-siècle de théâtre, c'est génial !
Quand vous vous retournez sur ces 50 ans de carrière, que vous dites-vous ? Vous en êtes fier ? Vous avez des regrets ?
Bien sûr que j'en suis fier, surtout que je suis encore là comme on le disait, avec un public toujours aussi fidèle. C'est incroyable ! Après, puisqu'on parle de regrets, je pense à l'époque où nous étions à Paris au début des années 1980. J'avais 33-34 ans, le Café de Gare était plein, des gens comme Patrice Leconte venaient nous voir sans qu'on ait un attaché de presse qui s'en occupe, nous faisions l'Olympia, je remplaçais Desproges sur France Inter dans Le Tribunal des flagrants délires... Il y avait des signes très clairs comme quoi il fallait qu'on reste à Paris.
Mais à la même époque, René Rizzardo et Hubert Dubedout [l'adjoint à la culture et le maire de Grenoble – NDLR] m'ont filé la gestion du Théâtre 145. Peut-être que si on était restés là-bas... Bref, on ne le saura jamais. Ce qu'on sait, c'est que je suis revenu à Grenoble, j'ai géré le 145 pendant 20 ans, et depuis 50 ans je ne joue que des choses que j'aime jouer en rigolant avec mes amis !
Continuer à rigoler avec vos amis, c'est ça la philosophie de Western !, non ?
Oui. Pour fêter ces 50 ans, j'aurais pu faire un solo ou un spectacle dauphinois de plus, mais l'idée était plutôt de faire la fête avec mes amis. Évidemment, tous ne sont pas là – sinon ça serait Ben-Hur sur le plateau ! –, mais la plupart des proches le sont, avec trois générations sur scène.
Tout ce monde réuni pour un western théâtral donc...
Voilà. Je suis assez cinéphile – voire cinéphage –, et très branché cinéma italien des années 1960. Après avoir fait un péplum, j'avais envie de faire un western. Je me suis lancé, et ça n'a pas été une sinécure ! Parce qu'écrire une pièce à 14 voix, ce n'est pas simple – c'est même très certainement la dernière fois que je le fais !
Que racontera le spectacle ?
Ce sera une métaphore du monde actuel, comme plus que jamais notre monde est un western. Il n'y aura donc pas que du rire. D'ailleurs, si on a la gentillesse de le remarquer – mais si on ne le remarque pas ce n'est pas très grave, l'important étant de rire ! –, mes pièces sont toujours à deux niveaux. Pour moi, comme je le dis depuis des années, il n'y a pas d'humour intéressant qui ne s'appuie pas sur du tragique.
Alors certes, il y aura une partie parodique sur le western, avec certains clichés du western-spaghetti bien évidemment, et du western américain également, mais il y aura aussi un deuxième niveau où seront évoqués le pouvoir, le racisme, la bêtise, la religion, la libération de la femme... Avec des personnages qui pourront métaphoriquement faire penser à certaines personnalités de notre monde actuel. Et tout ça sur scène, comme c'est le seul endroit où j'ai l'impression d'avoir 30 ans à vie !
Western !
À la MC2 du mardi 13 au jeudi 22 octobre
Au Théâtre Jean-Vilar (Bourgoin-Jallieu) vendredi 6 et samedi 7 novembre
Au Coléo (Pontcharra) vendredi 20 et samedi 21 novembre
Au Diapason (Saint-Marcellin) vendredi 27 et samedi 28 novembre
Au Manège (Vienne) vendredi 11 décembre
Au Grand Angle (Voiron) vendredi 18 décembre