Simon Augade, un artiste qui touche du bois

Sculpture / Après avoir investi le cloître du musée Dauphinois cet automne, l’artiste Simon Augade s’attaque à l’église qui abrite le musée Arcabas à Saint-Pierre-de-Chartreuse. Un deuxième projet d’envergure dont il nous parle plus en détail.

Pouvez-vous revenir sur votre parcours et ce qui vous a amené à réaliser ces immenses installations en bois ?

Je suis originaire des Hautes-Pyrénées et je suis parti étudier aux Beaux-Arts de Lorient en Bretagne. J’ai commencé à y développer ma pratique et à travailler à partir de bois récupérés, des bois souvent d’assez mauvaise qualité, agglomérés, stratifiés, mélaminés qui sont en fait surtout plein de colle. Il y avait cette envie d’occuper un lieu, d‘impliquer le corps des spectateurs, mais également d’interroger ces matériaux qui n’étaient pas nobles comme ceux que j’ai plus souvent l’occasion d’utiliser maintenant. J’ai commencé à investir divers lieux urbains ou paysagés, intérieurs, extérieurs, avec cette volonté de perturber l’ordre établi et les conventions propres à ces espaces. Au fur et à mesure, l’opportunité m’a été donnée de pouvoir augmenter les volumes et les formats et chaque expérience venait enrichir les suivantes.

Votre première intervention en Isère s’est faite au musée Dauphinois, dans le cloître. Quels en sont les partis pris ?

Cette première intervention au musée Dauphinois avait lieu à l’occasion de l’exposition Amazonie[s], forêt-monde qui a ouvert ses portes cet automne. J’ai choisi de créer un réseau racinaire géant qui évoque une sorte de mangrove d’un autre temps, qu’on aurait déterrée et retrouvée agrippée au flanc de la montagne. Dans ce cadre, j’ai aussi essayé de jouer avec l’espace très dessiné du cloître : ma sculpture reprend la forme des arches, mais revendique un aspect plus organique. Je suis toujours dans une ambivalence entre mimétisme et confrontation avec le lieu dans lequel j’interviens.

Au musée Arcabas, vous intervenez au cœur du massif de la Chartreuse où la forêt est très présente, et vous vous confrontez à une architecture patrimoniale, à la fois musée et lieu de culte.

L’idée était de travailler avec toute la filière bois locale, ceci d’autant plus que va être déposée l’AOC "bois de Chartreuse", la première appellation pour du bois de construction en France. À la différence de l’installation du musée Dauphinois qui donne l’impression d’être faite avec un bois ʺsauvageʺ, au musée Arcabas, j’ai choisi des bois équarris, travaillés par l’homme. J’avais la volonté d’interroger la relation de l’homme et du bois, mais je souhaitais également aborder la question de la spiritualité et de la croyance. J’ai voulu créer une poutre de grande taille qui vienne s’adosser contre l’église, comme une sorte d’étai dont la base est faite d’une masse imposante de bois assemblés, qui peut évoquer une résurgence rocheuse. Faite de chutes de bois de charpenterie locale, cette masse vient peu à peu s’organiser au fur et à mesure qu’elle s’élève. Dans l’imagerie religieuse, la colonne ou l’arbre peuvent symboliser l’Église ; c’était aussi un parallèle, c’est ce qui relie le sol, la terre et le ciel. Dans mon installation, la verticalité prend la tangente…

Fondement(s) inauguration jeudi 2 juin à 16h au musée Arcabas, Saint-Pierre-de-Chartreuse

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