Photographie / Exposé à Grenoble par la galerie Ex-Nihilo, Alexis Bérar n'est pas un photographe de montagne comme les autres.
Le photographe Alexis Bérar dévoile à la galerie Ex-Nihilo une exposition étrange qui prend paradoxalement pour sujet un univers familier des Grenoblois : la montagne. Un territoire dont l'approche par la photographie est souvent risquée. Difficile en effet de ne pas être rattrapé par les clichés, les poncifs et les images cartes postales. Comme pour déjouer le sort, c'est précisément avec une série de cartes postales qu'Alexis Bérar débute le parcours de son exposition. Une série de points de vue inattendus sur l'architecture de béton et d'angles aigus de la station de Flaine en Haute-Savoie dont Alexis Bérar, ancien berger, va explorer l'alpage du Flainoz guettant alors des résurgences de ce vocabulaire formel moderniste géométrique. Faisant usage d'appareils dont il altère la sensibilité des capteurs, il crée d'étranges effets chromatiques : les alpages baignent parfois dans des variations magenta inquiétantes, ou alors, saturé, le vert de l'herbe semble complètement artificiel... Et c'est finalement vers une sorte de délire de science-fiction du trois fois rien que la série bascule. D'improbables rapprochements opèrent, un morceau de métal usiné apparaît comme la stylisation géométrique d'un crâne de mouton égaré et le morcellement des blocs de calcaires comme le retour prophétique à l'état de ruine de ces architectures modernes déjà désuètes.
Petites cosmogonies montagnardes. Alexis Bérar jusqu'au 11 février à la galerie Ex-Nihilo, entrée libre