Le musée de la Résistance et de la Déportation présente ses nouveaux témoins de guerre

Histoire / Le musée de la Résistance et de la Déportation montrera au public, au cours d'une seule soirée, les objets de la Seconde Guerre mondiale offerts par les Isérois à la collection pour témoigner de la vie quotidienne durant le conflit. 

Une peluche Babar, une valise customisée, des chaussures de fortune décorées… Une douzaine d’objets datant de la Seconde Guerre mondiale seront présentés au public au cours d’une soirée au musée de la Résistance et de la Déportation, le 23 février. Les étudiants du master Musée Expositions Patrimoine assureront la médiation autour de ces témoignages du dernier conflit mondial, après un mois de préparation. Cette sélection est issue des 383 objets offerts au musée par plus de 80 habitants de l’Isère au cours d’une vaste collecte lancée en janvier 2020 et clôturée deux ans plus tard. « C’est l’aboutissement de l’aboutissement de l’aboutissement de la collecte », sourit Alice Buffet, directrice du musée départemental. « L’essence même d’un musée, c’est que les collections rencontrent le public. » Or, ces 93 objets et 1, 5 mètre linéaire de documentation rejoignent, pour le moment, les réserves. Certains seront montrés dans l’exposition permanente du futur musée de la Résistance et de la Déportation, dont le déménagement au Palais du Parlement du Dauphiné est prévu pour 2025, 80 ans après la fin de la guerre. « Cette collecte a été un processus long, car c’est une démarche scientifique. » Quatre lignes directrices étaient recherchées pour enrichir l’inventaire : collecter des objets provenant principalement du Nord Isère et de l’arc alpin, des zones géographiques jusqu’ici sous-représentées ; des objets représentant l’intime, le foyer, la vie quotidienne des Isérois durant la guerre, ainsi que des témoignages de prisonniers de guerre ; et enfin, axer principalement la recherche sur les premières années du conflit (39-42), qui ont généré moins de témoignages que les périodes de résistance active et de déportation. 

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Un cochon et l'inscription "Heil Hitler"

Ainsi, le 23 février sera l’occasion, après une présentation par Alice Buffet de l’ensemble de la démarche scientifique, de découvrir ces objets sortis de leur cocon familial pour rejoindre le cadre muséal. En premier lieu, une valise.  « Elle appartenait à Henri Grimonet, prisonnier jusqu’en 1945, qui l’a ramenée en Isère. Il l’a décorée avec ses plaques militaires, a peint ses initiales et le blason du Dauphiné. Et au centre, un cochon avec des inscriptions en allemand a été collé dessus ; les écritures expliquent ce qu’on peut donner, ou non, à manger aux cochons. Il a aussi écrit un petit "Heil Hitler" à côté. De l’ironie, par rapport à la nourriture servie dans les camps de prisonniers », explique Alice Buffet. Autre pièce forte, une peluche de Babar, éléphant enfantin créé en 1931, « offerte par Marie Reynoard à la fille de l’une de ses collègues enseignantes. On a aussi des galoches, des chaussures de femmes en bois, joliment peintes, qui témoignent du système D et de la volonté de rester féminine malgré le contexte ».

Côté documentation, on retient en particulier les cahiers de cours et les courriers d’un élève à l’école de la milice, installée au château d’Uriage. Autant de témoignages de gens comme vous et moi, pris dans les affres de la guerre. « Nous sommes un musée d’histoire, mais aussi de société ; c’est notre rôle de placer l’homme au cœur de notre travail. » Invités à la soirée, les donateurs seront, pour certains, présents pour conclure cette opération lourde d’émotion et de sens. Pour avoir rencontré l’une d’entre elles l’année dernière, Josiane Gouvernayre, qui présentait ses robes de petite fille confectionnées à l’aide de toile de parachute ou de jute, on peut témoigner de l’émotion pudique que représentent de tels dons, pour les participants comme pour le visiteur. 

Restitution de la collecte 1939-1945 jeudi 23 février de 18h30 à 20h au musée de la Résistance et de la Déportation, entrée libre


La première exposition jeune public inaugurée en juin 

Actuellement, le musée de la Résistance et de la Déportation, très pris par les préparatifs d’un grand déménagement ( « Ce n’est pas qu’un déménagement, c’est la création d’un nouveau musée, avec encore plus de responsabilité pour transmettre aux jeunes générations, et le défi de visiteurs d’opportunité, qui viennent parce qu'ils passent par là »), se contente de son exposition permanente. Mais on a rendez-vous le 16 juin pour l’ouverture d’une expo temporaire qui sera, c’est une première, entièrement dédiée au jeune public. À partir de 8 ans, vu le sujet. « Ce sera la première exposition 100% adressée aux enfants de l’ensemble du réseau des musées départementaux », souligne Alice Buffet. Quatre auteurs illustrateurs jeunesse ont travaillé sur le thème de la Seconde Guerre mondiale, pour donner vie à quatre histoires liées à la collection permanente, qui seront scénographiées au musée et regroupées dans un album jeunesse. Cette expo, intitulée À (h)auteur d’enfant. Histoire(s) de guerre, sera présentée durant un an. 

 

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