Lors du vernissage de son exposition The Boogy Show au Centre du graphisme, jeudi 2 mars, l'artiste Julien Priez a reproché à la direction du Tracé (la mairie d'Échirolles) la censure d'une œuvre performée sur les violences policières.
Flottement, jeudi 2 mars au Centre du graphisme à Échirolles, lors du vernissage de l'exposition de Julien Priez Boogy Show. Tout en timidité, l'artiste lit son discours au micro, après la prise de parole de Jacqueline Madrennes, adjointe à l'Éducation et à la Culture de la municipalité communiste, qui a salué « une très belle proposition ».
Julien Priez met les pieds dans le plat, annonçant que le texte Polices !, devait être lu – et même performé, en lien avec son travail sur les lettres – ce soir-là par l'autrice Sonia Chiambretto et le poète Yoann Thommerel. Une œuvre « censurée dans le centre d'art qui m'accueille ce soir, pour ma première exposition personnelle », lâche Julien Priez.
La direction du centre d'art dans lequel nous nous trouvons ce soir a pris la décision d'empêcher cette lecture, invoquant le seul prétexte que ce poème traite des violences policières.
« La direction du centre d'art dans lequel nous nous trouvons ce soir a pris la décision d'empêcher cette lecture, invoquant le seul prétexte que ce poème traite des violences policières. Qu'attend-on de moi exactement ? Que je dessine des lettres qui ne disent rien ? », s'interroge Julien Priez. Et de poursuivre : « Yoann Thommerel, qui a été interdit de s'exprimer ici avec Sonia Chiambretto, a dit quelque part : "Nous vivons dans un monde où tout est fait pour éviter les débordements ; où tout est organisé pour que chacun reste à sa place." Pour moi, la poésie, c'est une forme de débordement. Et c'est comme ça que j'envisage ma pratique artistique. Quelles qu'en soient les raisons, vous ne pourrez jamais contraindre la poésie que l'on fabrique ensemble de rester à sa place. Elle finira toujours par déborder. Mes lettres, exposées ici, le disent probablement mieux que moi. Elles sont définitivement une forme de débordement. » L'artiste n'a pas manqué, pour conclure, de remercier le Centre du graphisme pour son accueil.
Prise de court, l'élue Jacqueline Madrennes a répondu dans la foulée à cette accusation. « Il n'y a pas de censure du tout. On est sur un sujet qui peut être proposé dans un autre cadre ; c'est un sujet qui n'est pas très simple à Échirolles aussi. On respecte le travail de la poétesse, mais le sujet de cette exposition, c'est le travail de Julien. »
On vous parlera en détail, dans le prochain Petit Bulletin, de la belle expo de Julien Priez au Centre du graphisme.
Pour rappel, la directrice du Tracé (structure échirolloise qui regroupe le musée Géo-Charles, le Centre du graphisme et le musée de la Viscose), Virginie Vignon, est partie en juillet 2022. Dans l'attente de trouver un(e) remplaçant(e), ce sont les services de la Ville qui gèrent directement le lieu.