Les sorties cinéma du 2 août 2023 : "Tropic", "Les Tournesols sauvages", "Le Colibri"...

À l'affiche / Les critiques des films qui sortent en salle le mercredi 2 août 2023, avec un petit bijou estival : "Tropic".

À voir

★★★☆☆ Tropic 

Frères jumeaux aspirant à l’excellence, Lázaro et Tristán sont élèves d’une école militaire visant à sélectionner les candidats à l’espace. Une nuit, un produit toxique tombé du ciel contamine Tristán qui se métamorphose et régresse à tous points de vue, rompant de fait le duo obnubilé par la perfection…

Attention, voici l’un des ovnis de l’été à ne pas manquer ! Première fiction de long-métrage pour le grand écran d’un réalisateur chevronné, Tropic s’aventure dans ce périmètre de moins en moins redouté par les auteurs hexagonaux (Just Philippot, Dominique Rocher, etc.) d’un cinéma de genre décomplexé, assumant ses ambitions esthétiques sans renier sa singularité culturelle. Tout ici est motif d’enthousiasme : la manière d’évoquer la thématique du deuil, de l’acceptation des différences, la mise en garde environnementale (il s’agit quand même d’aller exploiter l’espace) ou la compétition bas du front façon Top Gun des futurs pilotes ;  le multi-culturalisme bienvenu des deux frères (ce qui permet de leur offrir Marta Nieto pour mère), sans oublier le talent pour tirer profit de décors géographiquement insolites (merci Lacaton & Vassal) ou l’usage d’un beau format Scope, d’une image aux couleurs contrastées et au grain affirmé, organique… Il y a certes des aspérités, du mystère et de la violence, mais on préfère ces ambiances faisant travailler l’imaginaire aux récits tout cuits made in USA. Pour le plaisir du dépaysement ou la curiosité de découvrir des comédiens satellisants, offrez-vous ce voyage !

De Édouard Salier (Fr., 1h50) avec Louis Peres, Pablo Cobo, Marta Nieto…


★★★☆☆ Les Tournesols sauvages 

Barcelone. Jeune mère d’une petite vingtaine d’années, Julia a deux enfants. Les hasards de la vie lui font croiser deux vagues connaissances – deux hommes avec qui elle va tenter successivement un bout de chemin. Avec l’espoir de trouver "le bon" ?

À se demander si, de film en film, Jaime Rosales ne cherche pas à cartographier le mal ordinaire. Précisons : non pas le fait des monstres (il s’y est aussi  intéressé en s’attachant aux effets du terrorisme), mais à ces choses en apparence anodines produites par des personnes banales, dont les conséquences déglinguent au quotidien l’existence de leurs victimes. Julia en est une – victime de sa jeunesse, de sa maternité précoce, de son attirance pour des mecs pas forcément adaptés (doux euphémisme pour évoquer les violences conjugales) – ses enfants également, par contrecoup. Quant à son errance, elle révèle sa difficulté à échapper à cette position. En documentant l’histoire Julia sans effet ni effort, Rosales  nous place ici dans un inconfort permanent, voire pire lors d’une séquence éprouvante de recherche de gosse égaré, lestée de culpabilité parentale : même la plus sanguinolente scène de slasher ne pourrait rivaliser en termes de terreur. Les Tournesols sauvages pourrait être un conte moral des années 2020, une histoire simple de notre époque. Pas la plus drôle assurément.

De Jaime Rosales (Esp.-Fr., 1h50) avec Anna Castillo, Oriol Pla, Quim Ávila…


On s’en contente

★★☆☆☆ Le Colibri 

L’histoire d’une vie, par fragments mélangés, où les souvenirs se télescopent et viennent peu à peu éclairer les rebondissements heureux, mais le plus souvent dramatiques, du destin de Marco. Comment il a rencontré enfant celle qui allait devenir l’amour de sa vie ; comment il vécut au même moment une première tragédie ; comment il échappa à la mort et rencontra celle qu’il allait épouser ; comment le psychanalyste de sa femme trahit le secret médical pour le sauver…

Une narration décousue qui suit le désordre de la mémoire, l’idée d’un point de vue qui peut évoluer en fonction d’éléments contextuels, d’une mosaïque se composant carreau après carreau et dont la perpective globale ne se révèle qu’à la toute fin ; une distribution de prestige… Il y a des films que l’on aimerait de tout cœur aimer et devant lesquels on enrage parce qu’ils nous paraissent gâcher un potentiel extraordinaire – on les soupçonne tellement de trahir le roman dont ils sont inspirés qu’ils en deviennent des incitations à les lire ! Ici, d’un concept à la Resnais, Francesca Archibugi fait un minestrone indigeste capable certes d’encapsuler des époques et les intérieurs des CSP+, mais pas vraiment la nostalgie ni les émotions. Cerise sur l’amaretto, une séquence finale dont l’intensité dramatique est parfaitement sabotée par le maquillage raté des comédiens, vieillis sous des couches de latex frelaté. Dommage.

De Francesca Archibugi (It.-Fr., 2h06) avec Pierfrancesco Favino, Bérénice Bejo, Kasia Smutniak…


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