À question juridique compliquée réponse pratique toute simple : que faire quand une maison de disques bloque la commercialisation de votre album faute d’accord ? Sortir l’album quand même, mais avec un CD vierge, et proposer aux acheteurs de télécharger et graver l’album eux-mêmes. C’est ce que vient de faire le DJ new-yorkais Danger Mouse, membre de Gnarls Barkley (« Maybe I'm crazy, maybe you're crazy, uh uh ! »), collaborateur de Gorillaz et surtout pionnier du «mashup» (l'art de mixer deux chansons en une seule). Le conflit entre l’artiste et EMI porterait encore une fois sur une question de droits, après l’épisode rocambolesque du Grey Album en 2004 : un disque qui mixait des samples du White Album des Beatles avec la voix du Black Album du rappeur Jay-Z. Idée originale, qui n’a pas forcément plu à EMI, propriétaire des droits de la musique des Beatles, la major n’ayant pas donné son accord. Mais l’album connaîtra un véritable succès, grâce au net et au piratage.


Tout aurait pu en rester là. Sauf qu’EMI attendait Danger Mouse au tournant avec la sortie de son nouvel album solo. Dark Night of the Soul est un projet musical associant le cinéaste David Lynch et d’autres musiciens de renom tels Iggy Pop, Franck Black ou encore Nina Persson des Cardigans (le résultat, fort sympathique, est écoutable ici et j’avoue avoir un faible plus que prononcé pour le titre Little Gril avec Julian Casablancas des Strokes). Projet qui devait voir le jour sous la forme d'un album collector garni d’un portfolio signé David Lynch. Mais EMI a tout bonnement refusé de le commercialiser. Qu’importe, Danger Mouse surprend encore son monde et sort le coffret comme prévu, mais accompagné d’un CD vierge enregistrable, incitant ainsi l’acheteur à l’utiliser « comme bon lui semble ». Il enfonce le clou en ajoutant, dans un communiqué : « Danger Mouse reste extrêmement fier de Dark Night of the Soul et espère que le public qui aura la chance de l'écouter, par tous les moyens possibles, sera aussi enthousiaste que lui-même l'est. »
Aux Etats-Unis, en France, et un peu partout dans le monde, des artistes se battent donc contre les politiques de répression du téléchargement soutenues entre autres par les grosses maisons de disques. Ainsi, la Featured Artists Coalition au Royaume-Uni est un exemple saisissant du fossé qui semble se creuser entre l’industrie et les artistes (comme le résume très bien cet article d’AgoraVox). Et dans ce domaine, la France a encore du retard, peu d’artistes de chez nous ayant osé hausser la voix…

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