Envoyé spécial parti à l’attaque du festival d’Avignon (six spectacles du « In » seront à la MC2 la saison prochaine, et à peu près le même nombre du « Off » répartis dans les différentes salles de l’agglo – on vous en reparlera le moment venu), après quatre jours à arpenter les rues bondées de tout un tas de gens, j’en déduis une chose : Avignon est un festival de dingues ! Véritable foire du théâtre en plein air, concentrée dans un très petit espace (quasiment tout se passe intra-muros), la manifestation vieille de soixante-trois ans attire toujours autant. Alors, certes, il y a le « In » et son confort (des artistes prestigieux, des endroits souvent magiques, des navettes pour conduire le public dans les quelques lieux hors du centre…), mais il y a aussi le « Off » et son lot d’incertitudes. Pourtant, si l’on écoute tout ce que les artistes nous annoncent lors de leurs parades dans la ville (on assiste souvent à des trucs complètement barrés, le but étant de marquer les esprits le plus rapidement possible et ainsi espérer les retrouver dans la salle le lendemain), chaque spectacle serait immanquable, chaque spectacle aurait reçu au moins un prix plus ou moins prestigieux, chaque spectacle serait le succès de cette édition… Alors que rien qu’en déroulant le titres de certains d’entre eux (Ma voisine ne suce pas que de la glace, Et Dieu créa les folles, Les Monologues du pénis…), sûr que les 985 programmés cette année ne valent pas tous leur pesant d’or. Bon d’accord, j’ai mis en avant les plus graveleux, mais en regardant avec attention les affiches placardées sur n’importe quel espace vide de la cité, on remarque une surabondance de spectacles comiques, tranchant avec le sérieux du « In » (certains artistes du « Off » l’ont d’ailleurs bien compris, préférant tracter seulement à la sortie des spectacles du « In », pour viser un certain public). Alors évidemment, logique mathématique oblige, les 985 spectacles programmés ne le sont pas tous dans des conditions idéales. Car à Avignon, on peut faire du théâtre partout, et quelque fois vraiment n’importe où, au grand plaisir des propriétaires de garages ou autre salles pas du tout adaptées. Et quand on est dans un lieu digne de ce nom, il faut quand même tenir les cadences et ne pas déborder, les spectacles s’enchaînant comme les perles à un rythme endiablé. Mais bon, après ce tableau un peu noir, je me dois aussi de préciser que même si l’on peut voir des choses pathétiques dans des lieux innommables, des bonnes surprises sont souvent possibles (Quand Nina Simone a cessé de chanter, de Darina Al Joundi, était l'une des révélations du « Off » 2007). Le bouche-à-oreille joue alors ici un rôle considérable, d’où l’idée d’essayer de ne pas venir à Avignon pour le « Off » en début de festival.
Avant de terminer ce papier, une constatation et une remarque. D’abord, triste coup du sort, André Benedetto, fondateur du Off en 1966, est mort en plein festival. Ensuite, pour les « ignorants » et les « pédants » (c’est pas moi qui le dit !) qui se pavanent à la terrasse des cafés dans leurs pantalons en lin blanc (la tenue typique du festivalier), lisez ceci. A bon entendeur !

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