Le journal La Tribune vient de sortir l’info : la Bibliothèque nationale de France (BNF) serait partante pour qu’une partie de ses fonds rejoigne le Google Books Search, à l’instar d’une trentaine d’autres bibliothèques dans le monde (dont celle de Lyon, la deuxième de France). Lancé en 2004, le service du géant américain permet ainsi d’accéder en ligne librement à des livres numérisés, dont le contenu est tombé dans le domaine public. Cette info remet sur le devant de la scène les arguments des opposants au projet (risque d’une hégémonie culturelle des pays anglo-saxons, possibilité de la disparition de livres rares jugés non rentables, flicage des lecteurs, fonctionnement du moteur de recherche...). Google détient aujourd'hui quelque 10 millions de livres numérisés à travers le monde, dont une grande moitié de titres épuisés mais couverts par le droit d’auteur. Ce qui laisse deviner les intentions à peine masquées de l'entreprise: devenir la plus grande librairie privée au monde – comme s’en inquiètent de nombreux acteurs du secteur – et dominer le marché culturel en ligne (d’où l’idée de projets similaires développés par ses concurrents, qui veulent eux aussi leur part du gâteau). La question serait donc de savoir pourquoi un tel programme, aux atouts nombreux (accès à tous à la culture, que l’on soit dans une métropole ou au fin fond de nulle part, conservation de livres rares sans altération…), n’est pas mené par un acteur public (la BNF avait d’abord tenté de numériser ses fonds elle-même avec sa bibliothèque numérique « encyclopédique et raisonnée » Gallica) ?
Plus largement, cela montre bien l’inefficacité de nos politiques dans certains domaines : alors qu’on en est encore en France à se battre contre le piratage de la musique et des films avec de mauvaises armes et des arguments fallacieux, personne ne semble s’intéresser à l’avenir du livre, comme si le problème de son adaptation aux nouvelles technologies n’allait jamais se poser. Laissons donc faire les gros, qui nous imposeront alors leurs procédés et leur façon de voir, comme c’est le cas aujourd’hui dans l’industrie musicale et cinématographique. Ça n’augure pas que du bon…

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