La face sombre de l'hexagone

Expo / Des réfugiés tchétchènes éparpillés en Europe aux réfugiés de toutes nationalités immigrés en France, il n'y a qu'un pas. Pas de papiers, pas de pitié. Dans les textes accompagnant son exposition au Bal des ardents, le photographe Bertrand Gaudillère rappelle un chiffre, 29 796 expulsions en 2008, et un sigle, OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français), qui provoquent très certainement de petites jouissances d'apothicaires humides chez certains responsables ministériels et préfectoraux. Né en 1973, Bertrand Gaudillère est l'un des membres fondateurs du «collectif ITEM» (avec M. Bonneville, F. Boutonnet, J. Brygo et R. Etienne) sis à Lyon et ayant la volonté de travailler et de débattre de l'image de façon collective. Gaudillère réalise des séries sur des sujets de société très variés, allant de manifestations aux portraits d'un SDF en passant par les tribulations érotiques de jeunes couples échangistes ! Au Bal des ardents, il présente des images noir et blanc, réalisées aux côtés des collectifs de sans papiers, et du Réseau Education Sans Frontières (RESF) en particulier. On y découvre le sinistre centre de détention de Saint-Exupéry, plusieurs images d'une manifestation à Vichy en 2008 à l'occasion du sommet européen pour l'intégration, l'affreux decorum du Tribunal administratif de Lyon (aussi froid qu'une chambre mortuaire), et cette ombre ou tache noire au milieu d'une pièce aseptisée : celle d'un homme qui se cache le visage derrière sa veste. Bertrand Gaudillère insiste plastiquement sur les tons noirs, nébuleux, avec ces visages, beaux et effrayés, qui s'en dégagent parfois. Taches noires symboliques aussi de la face sombre d'un pays égoïste et technocrate. Et puis, il y a aussi cette image : un vieux monsieur qui accueille chez lui depuis plusieurs mois «A.», sans papier. Ce vieux monsieur est juif et fut lui-même accueilli et caché pendant la Seconde Guerre mondiale... Jean-Emmanuel DenaveBertrand Gaudillère
Au Bal des ardents jusqu'au 12 mai.

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