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Quand on arrive en livre !

Fan des années 70

Récemment nommée à la tête de l'Espace d'Arts Plastiques Madeleine Lambert de Vénissieux, Françoise Lonardoni nous livre les grandes lignes de son projet et dévoile ses dadas artistiques. Propos recueillis par Jean-Emmanuel Denave

Quelles sont les grandes étapes de votre parcours ?

Françoise Lonardoni : J'ai été assistante au Centre d'art de Saint-Priest en 1984 puis, à partir de 1995, responsable de l'artothèque de la Bibliothèque de la Part-Dieu. Je viens d'être nommée, il y a quelques mois, directrice du service arts-plastiques de Vénissieux. A la Part-Dieu, il y a un public cultivé, j'avais un travail d'expertise, de plus en plus universitaire. A Vénissieux, je retrouve une programmation artistique globale. Je me rends compte qu'en quinze ans de grands changements se sont opérés en "banlieue" : le plateau culturel y est devenu très important (théâtre, cinéma, littérature, etc.) et les élus sont rompus à tout cela. Cela constitue un circuit très mûr.

 

En quoi consiste le service arts plastiques de Vénissieux  ?

En fait, il réunit trois pôles : l'espace d'exposition, une collection de quelque 450 œuvres, tous médiums confondus, commencée dès les années 1970 par la fondatrice du lieu, Madeleine Lambert, à l'esprit très militant, et une quinzaine d'ateliers de pratique artistique amateur dirigés par des artistes chevronnés et engagés.

 

Quel est votre projet  ?

Mon projet se fonde à partir de ces trois entités, que j'aimerais "faire monter" ensemble au même niveau. Par exemple  : faire qu'on puisse s'approprier dans les ateliers des éléments de la collection, ouvrir l'espace d'exposition à des interventions des artistes qui travaillent à Vénissieux, etc. Je vais reprendre aussi l'idée d'expositions avec des ancrages dans la ville, en relais avec certains de ses acteurs, que je suis en train de rencontrer. Ce qui est surprenant dans les centres sociaux des quartiers difficiles, c'est que les gens sont aujourd'hui très habitués à accueillir des artistes ou des œuvres. Ils sont très avertis, lucides, ce ne sont pas des consommateurs d'art naïfs, mais des gens qui ont acquis une maturité et un œil critique aiguisé.

 

Pouvez-vous nous parler de votre prochaine exposition  ?

L'exposition d'automne, consacrée à Frédéric Rouarch, a été programmée par mon prédécesseur. Je présenterai en janvier la jeune artiste Camille Llobet, qui travaille beaucoup autour des "systèmes", qu'ils soient de langage, cinématographiques ou autres, et qui les détourne. Elle proposera un travail sur le langage justement. On peut voir en ce moment une très belle œuvre de cette artiste chez le disquaire Buffet Froid à Lyon.

Après, j'aimerais pouvoir décliner une thématique à travers deux ou trois expositions, celle par exemple de l'empreinte de l'espace réel sur la sculpture contemporaine. Et de manière plus générale, toujours conjoindre l'éducation et l'exposition. A travers l'art, on peut penser un projet de construction de l'individu en l'amenant à un regard plus en nuances, à des points de vue plus obliques...

 

Quel est votre oxygène artistique  ?

Ce qui me motive le plus c'est de montrer que l'art est multidisciplinaire : à la fois par la diversité de ses formes et de ses techniques, et par la diversité de ses enjeux et de ses problématiques (du corps à la narration). L'art est aujourd'hui moins un support qu'une réflexion. Et le point commun de toutes ces recherches me semble être essentiellement l'homme, les artistes empruntant beaucoup à l'anthropologie.

Je m'intéresse par ailleurs aux artistes qui rendent un système absurde, le font glisser, comme Claude Closky par exemple. Ou aux artistes qui relient leur travail à l'engagement, sans pour autant faire de l'art à message. C'est par exemple le cas de Valie Export, qui parle de féminisme et de politique, tout en s'attelant aux problématiques de la photographie et de la performance. Ou Gilles-Joseph Wolman, un proche de Guy Debord. L'idéal pour moi, c'est quand l'art entremêle enjeux artistiques et questions sociétales. Je suis fan aussi des années 1970, et j'aurais aimé vivre à New York à cette époque où Patti Smith et Robert Mapplethorpe se rendaient chez Warhol. Ou bien quand Robert Morris travaillait avec la chorégraphe Simone Forti.

 

Et pour les plus jeunes  ?

J'aime Raphaël Zarka qui travaille à partir de formes existantes, Vincent Olinet, qui se situe dans l'ambiguïté des glissements entre l'objet quotidien et l'œuvre artistique... Ou encore Isabelle Cornaro, qui reconstitue dans ses installations la structure des tableaux classiques et met ainsi en évidence des questions de perspective, de point de vue, d'organisation spatiale...

 

Des expositions à Vénissieux et en périphérie de Lyon  :

A l'E.A.P. De Vénissieux : Frédéric Rouarch du 19 octobre au 21 décembre, puis Camille Llobet à partir de janvier 2014

Au Centre d'arts plastiques de Saint-Fons : Anna et Bernhard Blume, Images du roman photo de toute une vie, jusqu'au 31 octobre (voir notre sélection), puis Jean-Baptiste Sauvage du 22 novembre au 18 janvier

Au Couvent de la Tourette à l'Arbresle : Anne et Patrick Poirier, Traces et confrontations éphémères, jusqu'au 20 novembre

Au Fort du Bruissin : Vers une hypothèse, exposition collective (Guillaume Robert, Paola Yacoub, Elena Bajo...) jusqu'au 23 février

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