Avec deux reprises et une nouvelle création (Smart Faune, que nous vous recommandons à l'aveuglette) au Complexe du Rire et une résidence au Karavan (pour une comédie footballistique intitulée Carton rouge), le prolifique Jacques Chambon est l'un des hommes forts de la rentrée café-théâtrale. Nous vous le sous-entendions la semaine passée, nous vous le confirmons maintenant que nous l'avons vu à l'œuvre dans Fin de race, délirant huis clos post-apocalyptique que Gilles Graveleau met en scène et co-interprète avec lui à Gerson jusqu'à la fin du mois.
Car Chambon y est, avec sa voix de doubleur de séries d'animation japonaises et son physique de gamin tombé dans une fontaine de sénescence, tout simplement désopilant en last man on Earth amnésique et régressif prêt à tout pour se taper avant le mythomane qui lui sert de compagnon d'infortune (Graveleau, impeccable mais plus timoré) une belle blonde chargée de perpétuer la race humaine (Alexandra Bialy, qui aurait pour le coup mérité un rôle un peu moins bateau). Sa performance n'empêche pas Fin de race d'être perfectible en termes de rythme et de durée. Mais elle fait sacrément ressortir les ambitions linguistique – les deux survivants ont un niveau de langage de beaufs dyslexiques, qui trouve sa quintessence dans un échange de menaces digne des duels d'insultes de la série de jeux d'aventure Monkey Island - et scénique - on a rarement vu décor et tenues aussi chiadés dans ce registre – qui ont présidé à son écriture.
Benjamin Mialot
Fin de race
A l'Espace Gerson, jusqu'au samedi 28 septembre