La Têtue, un chai urbain dans le 1er arrondissement

Chai / Près des quais de Saône, Géraldine Dubois ouvre un chai urbain. Dans les cuves : des raisins bio pour du vin naturel. On viendra y remplir directement sa bouteille.

Il y a un mois de cela nous évoquions dans ces pages les laiteries urbaines. Comme celle qui vient d'ouvrir dans le quartier de la Guillotière. Si l’on peut ramener en centre-ville du lait cru pour faire du fromage, pourquoi pas du raisin pour fabriquer du vin ? Effectivement, ces dernières années, aux USA se sont développés les chais urbains. La vinification de garage existait déjà avant la prohibition et son renouveau, là-bas, s’inscrit dans la tendance actuelle au localisme. On veut des fruits et légumes qui poussent pas loin, du café torréfié dans le quartier, de la bière brassée au coin de la rue, il manquait le vin. L’un des pionniers de ces nouveaux chais fut A Donkey and Goat. Qui produit en ville, à Berkeley, du vin bio sans manipulations chimiques, depuis maintenant quinze ans — avant que le terme natural wine ne soit popularisé. Depuis, les urban winery essaiment dans les métropoles, comme à Londres ou même à Hong Kong. Et maintenant en France : à Bordeaux, dans un ancien blockhaus, à Paris ou encore à Marseille, dans une version (Microcosmos) assez proche de ce que l’on va évoquer ici.

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La vie l’a ramené à Lyon

À Lyon la chose se passe dans le 1er arrondissement, dans une petite rue dont on ne soupçonnait pas l’existence, derrière Sofa Records. Dans un petit local, on trouve un pressoir, des cuves et Géraldine Dubois. Une reconvertie de l’industrie pharmaceutique, qu’elle a quitté il y a quelques années pour se consacrer au vin : « la première fois que j’ai mis le nez dans une cuve, j’ai eu un coup de cœur » avoue-t-elle. Après avoir obtenu son diplôme à Beaune et travaillé comme maître de chai en Bourgogne, elle part s’installer dans le Roussillon, pas bien loin de Perpignan. Le village de Calce est un petit fief du vin naturel. On y trouve quelques noms connus : Olivier Pithon, Jean-Philippe Padié ou bien sûr le Domaine Gauby. Et puis Face B, que Géraldine avait fondé, il y a cinq ans maintenant : trois hectares et demi de Macabeu et Grenache blanc. De confinements en déconfinements, la vie l’a ramené à Lyon. Pas question pour autant d’arrêter le vin, mais pas question non plus de refonder un domaine. Elle s’est faite cette remarque : que le vin, aussi naturel soit-il, perd son attache locale et augmente son bilan carbone une fois passé l’embouteillage : « ça me dérangeait d’être en bio et d’envoyer des palettes au Japon. Je voulais réduire la distance qui sépare le raisin de celui ou celle qui le boira. »

Un vin qu’on trouvera ici seulement

Géraldine a récupéré une petite parcelle de gamay, du côté de Brindas, un demi hectare qu’elle convertit en bio. « Je fais tout à la main, je n’ai pas de tracteur. J’ai un atomiseur manuel, pour les seuls traitements que j’utilise, uniquement du cuivre et du soufre, et des tisanes de plantes. » Mais surtout elle souhaite vinifier dans les rues de la Presqu’île. Elle a donc installé ici, à deux pas des quais de Saône, des cuves en inox dans lesquelles le raisin qu’elle vient de vendanger est encore en train de fermenter — on a ouvert le capot de l’une d’entre elle, et ça frétillait.

« Ma production est limitée, je n’ai qu’un demi-hectare donc de quoi remplir une cuve de douze hectos, mais cette année ce sera beaucoup moins avec le gel qu’il y a eu. » Elle vinifie aussi d’autres raisins que les siens, des raisins bio quelle achète pas bien loin : 40 kilomètres à la ronde s’est-elle fixée, donc dans les Côteaux du Lyonnais ou dans le sud du Beaujolais. C’est la spécificité de son chai : elle y ramène directement les caisses de raisins, et non du jus ou du moût. En résulte un vin qu’on trouvera ici seulement. On viendra le soutirer directement à la cuve. « J’ai le souvenir de mon grand-père qui allait à la cave coop’ avec sa Marie-jeanne, pour la faire remplir de rosé. » Géraldine fournira les bouteilles, qu’elle a faites sérigraphier La Têtue, nom de ce chai urbain qui ouvrira ses portes au public à la fin du mois.

La Têtue
3 rue Grobon, Lyon 1er

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