Exposition : une contre histoire de la cassette à la bibliothèque de la Part-Dieu

Contre-bande

Bibliothèque de la Part-Dieu

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Underground / Depuis son invention à la fin des années 1950, la cassette a connu de multiples vies. Pour rendre hommage aux contre-cultures que ce petit rectangle de plastique a aidé à développer, une exposition vient de commencer à la Bibliothèque Part-Dieu. Alors, à vos stylos Bic !

Boudée par le grand public depuis l’adoption du CD au tournant du millénaire, la cassette a fait un timide retour en tant qu’objet de collection depuis 2014, entre autre grâce à la sortie du film Les Gardiens de la Galaxie. Souvent utilisée comme édition spéciale ou limitée pour les fans, sa part du marché augmente chaque année après un hiatus de près de vingt ans.

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Icône des années 1980, la cassette a joué un rôle pivotal dans le développement de nombreuses contre-cultures aux quatre coins du monde. Sa petite taille, sa grande disponibilité et la facilité d’enregistrement sur ce format faisait d’elle un outil de promotion idéal pour les artistes indépendants. Les années 1980 ont également connu un grand nombre d’innovations technologiques, dont une petite révolution pour le monde de la musique : le Portastudio de Tascam, une solution tout-en-un pour enregistrer et mixer plusieurs instruments en même temps sur cassette, pour une portabilité optimale.

Un géant qui tient dans la poche

Au même moment, les jeunes Européens découvrent la musique industrielle, le post-punk et la no wave, genres dérivés du punk apparus à la fin des années 1970 et représentés par des groupes tels que Cabaret Voltaire, Siouxsie and the Banshees ou encore ESG. Inspirés pas ces courants musicaux, ces mêmes jeunes, aussi bien citadins que campagnards, forment des groupes et des labels indépendants, et se saisissent de toutes les technologies et services à leur disposition pour diffuser leurs productions. Ainsi, des albums et compilations sont enregistrés à la maison sur cassette grâce au Portastudio, accompagnés de lettres, catalogues et fanzines fabriqués sur machine à écrire électrique, puis photocopiés en grand nombre avant d’être envoyés par La Poste, aussi bien dans l’Hexagone qu’à l’international.

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La cassette était alors omniprésente : dans la voiture comme à la maison, dans la stéréo, le répondeur téléphonique et même l’ordinateur pour stocker des programmes ! Crée en 1963 par l’ingénieur Lou Ottens et son équipe pour l’entreprise Philips, la cassette se popularise tout au long des années 1970 et devient, grâce à l‘arrivée des lecteurs portables, le format dominant à partir du milieu des années 1980. Ce n’est qu’en 1993 qu’elle se fait détrôner par le CD avant de devenir dormante pendant près de vingt ans.

Hommage à un mouvement trop peu connu

Cette scène, l’anthropologue Simon Debarbieux tombe dessus il y a huit ans lorsqu’il arrive à Lyon. En travaillant avec LYL Radio ou le disquaire Sofa Records, il découvre l’histoire de ces labels comme Organic Tapes, originaire de Grenoble, et contacte son fondateur Didier Gibelin pour récupérer ses archives dans le but de les numériser. « Je me suis dit qu’il y avait un truc à faire. J’avais connaissance d’une subvention de la DRAC et de la Région sur les "Mémoires des XXe et XXIe siècles", j’ai monté un dossier après m’être entouré des bonnes personnes et j’ai proposé un certain nombre d’évènements, dont l'exposition Contre-Bande », se remémore-t-il.
 
Nichée au quatrième étage de la bibliothèque de la Part-Dieu, l’exposition retrace de façon compacte l’histoire de ce mouvement, vitrine du DIY à ses débuts et aussi contestataire que le punk, bien que moins médiatisé. En une quarantaine de minutes, les visiteurs découvriront ces jeunes gens voulant faire de l’art sans le maîtriser, que ce soit du dessin, de la musique ou du cinéma, tout en assumant leur manque d’expérience dans ces domaines.
 
Comme une frise chronologique, Contre-Bande explore toutes les facettes du mouvement, en commençant par ses influences. Ainsi, on retrouve Throbbing Gristle comme fondation musicale, et les mouvements Dada, Fluxus ainsi que le futurisme en tant qu’inspiration esthétique des fanzines (25 Mensuel, Vision du Monde) et pochettes d’albums (Cripure, In Æternam Vale). Plus loin, une section est dédiée aux grands labels de l’époque comme Organic Tapes ou RR Products, et un focus est fait sur les correspondances entre les différents artistes et labels, en mettant l’accent sur le mail art adornant des enveloppes venant des six coins de l’Hexagone, d’Europe et d’ailleurs.

Pour les férus d’art contestataire, de musiques alternatives, les curieux d’une époque révolue : une exposition à voir absolument.
  
Contre-Bande, musiques alternatives et culture cassette en AURA 1980-1999
À la bibliothèque municipale de la Part-Dieu jusqu’au 19 août

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