Festival / Si la plupart des cinémas de la Métropole proposent de découvrir le film d'ouverture en même temps que les hôtes de la Croisette — cérémonie d'ouverture cannoise incluse —, il en est un qui offre davantage depuis 2019 : le Pathé Bellecour, avec l'opération Cannes à Lyon.
À moins de débarquer de la planète mars, tout spectateur sait que le mois de mai est une période d'un exquis paradoxe pour les cinémas français : les médias sont sursaturés d'événements peu ou prou liés au 7e Art — des gens qui gravissent un escalier vêtus comme pour aller se marier, par exemple. Mais ce vacarme médiatique se trouve quasiment décorrélé de l'actualité effective des salles obscures, l'exposition cannoise profitant en effet à des longs-métrages prévus pour arriver sur les écrans entre la fin de l'été et la fin de l'automne. Certes, une maigre poignée de films ose jouer la concomitance en sortant pendant le festival : ils rivalisent alors avec des blockbusters assurés de rafler la mise et des outsiders placés à cette date avec peu d'espoir. « Pas mal, non ? C'est français. », pourrait dire le Orson Welles de La Classe Américaine.
Exceptions exceptionnelles
Une tradition s'est heureusement imposée : proposer quelques bribes de la fête au public en même temps qu'aux festivaliers — en particulier, le film d'ouverture. Depuis quelques années, la séance est synchronisée avec celle du Palais des Festivals mais aussi précédée de la cérémonie retransmise dans les salles grâce au numérique. C'est ainsi que les Pathé, UGC, Comœdia, Lumière, Ciné-Mourguet, Ciné-Meyzieu, Cinéma Maison du Peuple vont présente Jeanne du Barry de Maïwenn le mardi 16 mai dès 18h30 ou 19h suivant les cas.
Si quelques rares autre films de la Sélection officielle vont également sortir (L'Amour et les Forêts et Omar la fraise le 24), la patience sera de mise... sauf pour les curieux de Cannes à Lyon, l'initiative — au départ parisienne — des cinémas Pathé reconduite cette année. Piochant parmi l'ensemble des sélections (Compétition, Un certain regard, etc.) une dizaine de films pour les soumettre en avant-première au regard du public. Définie avant toute projection publique, la liste contient souvent des œuvres appelées à faire parler d'elles : ce fut le cas avec Triangle of Sadness l'an passé.
La programmation définitive est sujette à négociations jusqu'au dernier moment ou presque : les distributeurs doivent soupeser le pour et le contre d'une exposition précoce de leurs films. Toutefois, permettre au bouche-à-oreille de débuter hors de la bulle cannoise est une manière de réaffirmer le sacré du grand écran à une époque où celui-ci n'a jamais rencontré d'adversaires plus puissants.
Au Pathé Bellecour du vendredi 26 au dimanche 28 mai