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L'appétit vient en voyageant : les pâtisseries de Philippe Hortala s'exposent à Lyon
Par Fabrizio Migliorati
Publié Vendredi 12 avril 2024
Photo : Philippe Hortala, Patisseries, 1994 acrylique sur toile 81 x 100 cm ©DR
Philippe Hortala
Galerie Henri Chartier
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Redécouverte / L'œuvre de Philippe Hortala est mise à l'honneur dans la nouvelle exposition de la galerie Henri Chartier, permettant de remettre en lumière le travail captivant de ce remarquable artiste.
Dans la blancheur des espaces de la rue Comte surgissent comme des apparitions mirifiques des babas au rhum, des éclairs, des tartelettes au citron ou aux groseilles, mais aussi des fraisiers, des religieuses, des caracs et autres délices. L'exposition organisée par Henri Chartier incarne un périple dont les étapes sont marquées non pas par des paysages, mais par des haltes gastronomiques dont l'esthétique simplifiée se révèle particulièrement efficace.
Une existence brève et foudroyante
Avec l'exposition au titre évocateur Le voyage en Hortalie occitane pâtissière, les passionnés d'art ont l'opportunité, jusqu'au 25 mai, de redécouvrir le travail de Philippe Hortala, génial peintre dont la vie s'est malheureusement éteinte trop tôt en 1998, à seulement 38 ans. Né à Toulouse en 1960, l'artiste a su construire une œuvre remarquable et fidèle à elle-même, unique en son genre, se déployant sur deux décennies.
Si Hortala a côtoyé tout au long de sa carrière les artistes du mouvement de la Figuration libre (Robert Combas, Hervé et Richard Di Rosa, Rémi Blanchard, François Boisrond et Catherine Viollet parmi d'autres), il n'a en revanche jamais intégré le groupe, conservant avec ses homologues un rapport privilégié et nourrissant. La puissance coloristique du "Retour à la figuration" investissant les années 80 (avec le Bad painting aux États-Unis, la Transavanguardia en Italie et le Néo-expressionisme en Allemagne) a vu en Hortala sans aucun doute un de ses plus intéressants interprètes.
Des blowups exquis et perturbants
Les toiles exposées dans la galerie montrent un étalage somptueux de gourmandises, mais c'est la vision oblique, l'angle de vue plongeant qui trouble l'apparente banale représentation d'un songe d'enfant. L'œil se précipite ainsi sur les agrandissements pâtissiers avec une violence inattendue. Si dans le texte en catalogue Philippe Ducat nous guide dans le voyage au Pays fantastique de cet explorateur curieux et affamé, de son côté Ingrid Luquet-Gad rappelle que le regard puissant de l'artiste dissimule une critique de l'industrialisation et la standardisation. Dans le lyrisme apaisant des pâtisseries se cache ainsi les aliénants risques de l'uniformisation, qui en passant par les objets et la nourriture, éructent sur l'architecture (la déshumanisation de l'espace de vie) et sur la pensée.
C'est une fois arrivé à destination, que le voyage proposé par le pintador ("peintre" en espagnol, comme il aimait se définir) se révèle chargé d'énigmatiques questionnements, dissimulés dans l'aplat chamarré et délicieux d'une parade opulente.
Le voyage en Hortalie occitane pâtissière par Philippe Hortala
À la galerie Henri Chartier, Lyon 2ᵉ, jusqu'au 25 mai
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