Peinture / Après avoir régalé le public de ses pâtisseries en avril dernier, Philippe Hortala est à nouveau mis en lumière chez Henri Chartier, avec une exposition axée sur les œuvres potagères réalisées dans les cinq dernières années de sa vie.
Décédé brutalement lors d'un accident survenu dans son atelier en 1998, Philippe Hortala a su marquer son époque avec une production singulière et captivante. Son œuvre se distingue par la puissance et l'immédiateté de son geste pictural ainsi que par sa création d'univers organiques.
Côtoyant pendant un temps le mouvement de la Figuration libre, Hortala a voulu ensuite tourner le regard vers l'international : sa peinture s'est ainsi approchée des recherches du Bad painting états-unien, de la Transavanguardia italienne ou du Néo-expressionisme allemand, alliant sauvagerie et harmonie.
L'Hortalie, ce pays imaginaire à mi-chemin entre l'Occitanie et Naples
En avril dernier, avec Le voyage en Hortalie occitane pâtissière, les Lyonnais ont eu l'occasion de (re-)découvrir le "Petit King-Kong de Toulouse", selon la définition de Ben. Un premier chapitre qui avait mis l'eau à la bouche aux passionné(e)s d'art qui peuvent aujourd'hui poursuivre l'itinéraire, errant dans l'hortus conclusus de l'artiste : avec Octopus's garden, on pénètre dans les visions personnelles, plongeantes et obliques, d'un jardinier enthousiaste et chevronné.
Le titre très beatlesien de l'exposition vise à combiner plusieurs passions de l'artiste toulousien. La musique d'abord ; l'espace d'expression ensuite, avec le jardin, et plus précisément le potager. Enfin, la source d'inspiration qui avait donné lieu à une de ses séries les plus fascinantes : le poulpe.
Conçues à Naples à l'aube des années 90, Les faunes marines accueillent des investigations formelles et thématiques marquant sa production ultérieure. Cette esthétique aux lignes sinueuses se meut par la suite en tiges végétales ou en tuyaux d'arrosage, boyaux serpentant sur la terre dans l'acte de la conquérir.
Lieux de liberté expressive et d'imagination
« Chacune des peintures de cet ensemble est un détail d'un vaste réseau tentaculaire dont chaque tige, partant dans différentes directions, nous invite à imaginer le hors-champ » affirme Lauriane Gricourt, directrice du Musée Les abattoirs de Toulouse, dans le texte en catalogue. Suivant cette suggestion, nous pouvons donner le champ libre à notre imagination, alimentant l'imagination du hors-cadre, de ce qui se place au cœur de l'invisibilité du regard.
Chaque tableau devient ainsi le morceau d'un puzzle imaginaire, personnel, qui appartient à chaque regard et ne cesse de se réinventer, de se modifier et de se réorganiser, permettant à chacun et chacune de se mesurer à une scénographie fantastique, et de se transformer en habile commissaire d'exposition.
Octopus's garden par Philippe Hortala
Jusqu'au 28 décembre à la galerie Henri Chartier (Lyon 2ᵉ) ; entrée libre